PAUL, ÉVÊQUE,
SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU,
AVEC LES PÈRES DU SAINT CONCILE,
POUR QUE LE SOUVENIR S'EN MAINTIENNE À JAMAIS
DÉCRET SUR L'ACTIVITÉ
MISSIONNAIRE DE L'ÉGLISE
AD GENTES
1. Préambule
Envoyée par Dieu aux
nations pour être « le sacrement universel du salut [1]
», l’Église, en vertu des exigences intimes de sa propre catholicité et
obéissant au commandement de son fondateur (cf. Mc 16, 16), est
tendue de tout son effort vers la prédication de l’Évangile à tous les
hommes. Les Apôtres eux-mêmes, en effet, sur lesquels l’Église a été
fondée ont suivi les traces du Christ, « ont prêché la parole de vérité
et engendré des Églises [2]
». Le devoir de leurs successeurs est de perpétuer cette œuvre, afin que,
« la Parole de Dieu soit divulguée et glorifiée » (2 Th 3, 1), le
Royaume de Dieu annoncé et instauré dans le monde entier.
Mais dans l’ordre actuel
des choses, dont découlent de nouvelles conditions pour l’humanité, l’Église,
sel de la terre et lumière du monde (cf. Mt 5, 13-14), est
appelée de façon plus pressante à sauver et à rénover toute créature,
afin que tout soit restauré dans le Christ, et qu’en lui les hommes
constituent une seule famille et un seul Peuple de Dieu.
Aussi le saint Concile,
tout en rendant grâce à Dieu pour les œuvres magnifiques accomplies par
le zèle généreux de l’Église tout entière, désire-t-il esquisser les
principes de l’activité missionnaire et rassembler les forces de tous
les fidèles pour que le Peuple de Dieu, s’avançant sur la voie étroite
de la croix, étende partout le règne du Christ Seigneur qui embrasse les
siècles de son regard (cf. Si 36, 19), et qu’il prépare les voies
à son avènement.
CHAPITRE PREMIER :
Principes doctrinaux
2. Le dessein du Père
Par nature, l’Église,
durant son pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu’elle-même tire
son origine de la mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit,
selon le dessein de Dieu le Père [3].
Ce dessein découle de « l’amour
dans sa source », autrement dit de la charité de Dieu le Père qui, étant
le principe sans principe, de qui le Fils est engendré, de qui le Saint-
Esprit procède par le Fils, nous a créés librement dans sa surabondante
bonté et miséricorde, et nous a de plus appelés gracieusement à partager
avec lui sa vie et sa gloire ; qui a répandu sur nous sans compter sa
miséricorde et ne cesse de la répandre, en sorte que lui, qui est le
créateur de toutes choses, devienne enfin « tout en tous » (1 Co
15, 28) en procurant à la fois sa gloire et notre bonheur. Il a plu à
Dieu d’appeler les hommes à participer à sa vie, non pas seulement de
façon individuelle sans aucun lien les uns avec les autres, mais de les
constituer en un peuple dans lequel ses enfants, qui étaient dispersés,
seraient rassemblés dans l’unité (cf. Jn 11, 52).
3. La mission du Fils
Ce dessein universel de
Dieu pour le salut du genre humain ne se réalise pas seulement d’une
manière pour ainsi dire secrète dans l’âme des hommes, ou encore par des
initiatives même religieuses, grâce auxquelles ils cherchent Dieu de
bien des manières « pour l’atteindre si possible et le trouver ; aussi
bien n’est-il pas loin de chacun de nous » (cf. Ac 17, 27) ; car
ces initiatives ont besoin d’être éclairées et redressées, bien que, de
par un dessein bienveillant de la Providence divine, on puisse parfois
les considérer comme une orientation vers le vrai Dieu ou une
préparation à l’Évangile [4].
Pour affermir la paix, autrement dit la communion avec lui, et pour
établir la fraternité entre les hommes, – les hommes qui sont pécheurs –
il décida de s’engager dans l’histoire humaine d’une façon nouvelle et
définitive, en envoyant son Fils dans notre chair, afin d’arracher par
lui les hommes à l’empire des ténèbres et de Satan (cf. Col 1, 13
; Ac 10, 38), et de se réconcilier en lui le monde (cf. 2 Co 5,
19). Son Fils, par qui aussi il a fait les siècles [5],
il l’a établi héritier de toutes choses, afin de tout restaurer en lui (cf.
Ep 1, 10).
Car le Christ Jésus a été
envoyé dans le monde comme le véritable médiateur entre Dieu et les
hommes. Puisqu’il est Dieu, « toute la plénitude de la divinité habite
en lui corporellement » (Col 2, 9) ; dans sa nature humaine, il
est le nouvel Adam, il est constitué Tête de l’humanité renouvelée, il
est rempli de grâce et de vérité (Jn 1, 14). Aussi par les voies
d’une incarnation véritable, le Fils de Dieu est-il venu pour faire
participer les hommes à la nature divine ; il s’est fait pauvre alors
qu’il était riche afin de nous enrichir par sa pauvreté (2 Co 8,
9). Le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir
lui-même et donner sa vie en rançon pour beaucoup, c’est-à-dire pour
tous (cf. Mc 10, 45). Les saints Pères proclament sans cesse que
n’est pas guéri ce qui n’a pas été assumé par le Christ [6].
Mais il a assumé la nature humaine dans toute sa réalité, telle qu’on la
trouve chez nous, malheureux et pauvres, mais elle est chez lui sans
péché (cf. He 4, 15 ; 9, 28). Parlant de lui-même, le Christ, que
le Père a consacré et envoyé dans le monde (cf. Jn 10, 36), a dit
ces paroles : « L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a
consacré par son onction ; il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux
pauvres, annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à
la vue » (Lc 4, 18) ; et encore : « Le Fils de l’Homme est venu
chercher et sauver ce qui était perdu » (Lc 19, 10.
Ce qui a été une fois
proclamé par le Seigneur ou accompli en lui pour le salut du genre
humain doit être proclamé et répandu jusqu’aux extrémités de la terre (Ac
1, 8), en commençant par Jérusalem (cf. Lc 24, 47), de sorte que
ce qui a été accompli une fois pour toutes en vue du salut de tous,
produise ses effets chez tous au cours des âges.
4. La mission du
Saint-Esprit
Mais pour obtenir
pleinement le résultat, le Christ a envoyé d’auprès du Père le Saint
Esprit, qui accomplirait son œuvre de salut à l’intérieur des âmes et
pousserait l’Église à s’étendre. Sans l’ombre d’un doute le Saint-Esprit
était déjà à l’œuvre avant la glorification du Christ [7].
Pourtant, le jour de la Pentecôte, il descendit sur les disciples pour
demeurer avec eux à jamais (cf. Jn 14, 16) ; l’Église se
manifesta publiquement devant la multitude, la diffusion de l’Évangile
parmi les nations commença avec la prédication ; enfin fut préfigurée
l’union des peuples dans la catholicité de la foi, par l’Église de la
Nouvelle Alliance, qui parle toutes les langues, comprend et embrasse
dans sa charité toutes les langues, et triomphe ainsi de la dispersion
de Babel [8]. Car c’est à la
Pentecôte que commencèrent « les Actes des Apôtres », tout comme c’est
lorsque le Saint-Esprit vint sur la Vierge Marie que le Christ fut
conçu, et lorsque le même Esprit Saint descendit sur le Christ pendant
sa prière que le Christ fut poussé à commencer son ministère [9].
Le Christ Jésus lui-même, avant de donner librement sa vie pour le
monde, a de telle sorte organisé le ministère apostolique et promis
d’envoyer le Saint-Esprit, que ce ministère et cette mission sont tous
deux associés pour mener à bien, toujours et partout, l’œuvre du salut [10].
À travers toutes les époques, c’est le Saint-Esprit qui « unifie
l’Église tout entière dans la communion et le ministère, qui la munit
des divers dons hiérarchiques et charismatiques [11]
», vivifiant à la façon d’une âme [12]
les institutions ecclésiastiques et insufflant dans le cœur des fidèles
le même esprit missionnaire, qui avait poussé le Christ lui-même.
Parfois même il devance visiblement l’action apostolique [13],
tout comme il ne cesse de l’accompagner et de la diriger de diverses
manières [14].
5. L’Église envoyée
par le Christ
Dès le début de son
ministère, le Seigneur Jésus « appela à lui ceux qu’il voulut, et en
institua douze pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher » (Mc
3, 13 ; cf. Mt 10, 1-42). Les Apôtres furent ainsi les germes du
Nouvel Israël et en même temps l’origine de la hiérarchie sacrée. Puis,
une fois qu’il eut par sa mort et sa résurrection accompli en lui-même
les mystères de notre salut et de la rénovation de toutes choses, le
Seigneur, qui avait reçu tout pouvoir au ciel et sur la terre (cf. Mt
28, 18), fonda son Église comme sacrement du salut, avant d’être enlevé
au ciel (cf. Ac 1, 11) ; tout comme il avait été lui-même envoyé
par le Père (cf. Jn 20, 21), il envoya ses Apôtres dans le monde
entier en leur donnant cet ordre : « Allez donc, de toutes les nations
faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du
Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai
prescrit » (Mt 28, 19 s.) ; « Allez par le monde entier proclamer
la bonne nouvelle à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé
sera sauvé, celui qui ne croira pas sera condamné » (Mc 16, 15
s.). C’est de là que découle pour l’Église le devoir de propager la foi
et le salut apportés par le Christ, d’une part en vertu du mandat exprès
qu’a hérité des Apôtres l’ordre des évêques, assisté par les prêtres en
union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l’Église, et
d’autre part en vertu de l’influx vital que le Christ communique à ses
membres : le Christ « dont le Corps tout entier reçoit concorde et
cohésion, par toutes sortes de jointures qui le nourrissent et
l’actionnent selon le rôle de chaque partie, opérant ainsi sa croissance
et se construisant lui-même dans la charité » (Ep 4, 16). La
mission de l’Église s’accomplit donc par l’opération au moyen de
laquelle, obéissant à l’ordre du Christ et mue par la grâce de l’Esprit
Saint et la charité, elle devient effectivement présente à tous les
hommes et à tous les peuples, pour les amener par l’exemple de sa vie,
par la prédication, par les sacrements et les autres moyens de grâce, à
la foi, à la liberté, à la paix du Christ, de telle sorte qu’elle leur
soit ouverte comme la voie libre et sûre pour participer pleinement au
mystère du Christ.
Cette mission continue et
déploie au cours de l’histoire la mission du Christ lui-même, qui fut
envoyé pour annoncer aux pauvres la bonne nouvelle ; c’est donc par la
même voie qu’a suivie le Christ lui-même que, sous la poussée de
l’Esprit du Christ, l’Église doit marcher, c’est-à-dire par la voie de
la pauvreté, de l’obéissance, du service et de l’immolation de soi
jusqu’à la mort, dont il est sorti victorieux par sa résurrection. Car
c’est ainsi dans l’espérance qu’ont marché tous les apôtres, qui ont
achevé par leurs multiples tribulations et souffrances ce qui manque à
la passion du Christ au profit de son Corps, l’Église (cf. Col 1,
24) ; souvent aussi le sang des chrétiens fut une semence [15].
6. L’activité
missionnaire
Cette tâche, c’est par
l’ordre des évêques, à la tête duquel se trouve le successeur de Pierre,
qu’elle doit être accomplie, avec la prière et la collaboration de toute
l’Église ; elle est unique et la même, partout, en toute situation, bien
qu’elle ne soit pas menée de la même manière du fait des circonstances.
Par conséquent, les différences qu’il faut reconnaître dans cette
activité de l’Église ne découlent pas de la nature intime de la mission
mais des conditions dans lesquelles elle est accomplie. Ces conditions
dépendent soit de l’Église, soit même des peuples, des groupes humains
ou des hommes à qui s’adresse la mission. Car l’Église, bien que de soi
elle possède la totalité ou la plénitude des moyens de salut, n’agit pas
ni ne peut agir toujours et immédiatement selon tous ses moyens ; elle
connaît des commencements et des degrés dans l’action par laquelle elle
s’efforce de conduire à sa réalisation le dessein de Dieu ; bien plus,
elle est parfois contrainte, après des débuts heureux, de déplorer de
nouveau un recul, ou tout au moins de demeurer dans un état
d’incomplétude et d’insuffisance. En ce qui concerne les hommes, les
groupes humains et les peuples, elle ne les atteint et ne les pénètre
que progressivement, et les assume ainsi dans la plénitude catholique.
Les actes propres, les moyens adaptés doivent s’accorder avec chaque
condition ou état.
Les initiatives
particulières par lesquelles les prédicateurs de l’Évangile envoyés par
l’Église et allant dans le monde entier s’acquittent de la tâche
d’annoncer l’Évangile et d’implanter l’Église parmi les peuples ou les
groupes humains qui ne croient pas encore au Christ, sont communément
appelées « missions » ; elles s’accomplissent par l’activité
missionnaire et sont menées d’ordinaire dans des territoires déterminés
reconnus par le Saint-Siège. La fin propre de cette activité
missionnaire est l’évangélisation et la plantation de l’Église dans les
peuples ou les groupes humains dans lesquels elle n’a pas encore été
enracinée [16]. Il faut
que, nées de la Parole de Dieu, des Églises autochtones particulières,
suffisamment établies, croissent partout dans le monde, jouissent de
leurs ressources propres et d’une certaine maturité ; il faut que,
pourvues de leur hiérarchie propre unie à un peuple fidèle et des moyens
accordés à leur génie, nécessaires pour mener une vie pleinement
chrétienne, elles contribuent au bien de toute l’Église. Mais le moyen
principal de cette implantation, est la proclamation de l’Évangile de
Jésus Christ ; c’est pour annoncer l’Évangile que le Seigneur a envoyé
ses disciples dans le monde entier, afin que les hommes, ayant acquis
une nouvelle naissance par la Parole de Dieu (cf. 1 P 1, 23),
soient agrégés par le baptême à l’Église qui, en tant que Corps du Verbe
incarné, est nourrie et vit de la Parole de Dieu et du pain
eucharistique (cf. Ac 2, 42).
Pour cette activité
missionnaire de l’Église, diverses situations se présentent parfois
mêlées les unes aux autres : situation d’abord de début ou de
plantation, puis de nouveauté ou de jeunesse. Quand tout cela est
accompli, l’action missionnaire de l’Église ne cesse pas pour autant :
le devoir incombe aux Églises particulières déjà formées de la continuer
et de prêcher l’Évangile à tous ceux qui sont encore au-dehors.
En outre, il n’est pas rare
que les groupes humains au sein desquels l’Église existe, ne soient
complètement transformés pour des raisons diverses ; des situations
nouvelles peuvent en résulter. L’Église doit alors examiner si ces
situations exigent de nouveau une activité missionnaire. De plus les
circonstances sont parfois telles que manque pour un temps la
possibilité de proposer directement et immédiatement le message
évangélique ; c’est alors que les missionnaires peuvent et doivent
donner avec patience et prudence, avec une grande confiance en même
temps, au moins le témoignage de la charité et de la bienfaisance du
Christ, préparer ainsi les voies au Seigneur et le rendre présent d’une
certaine manière.
Ainsi il est clair que
l’activité missionnaire découle profondément de la nature même de
l’Église ; elle en propage la foi qui sauve, elle en réalise l’unité
catholique en la répandant, elle reçoit sa force de son apostolicité,
elle met en œuvre le sens collégial de sa hiérarchie, elle en atteste,
répand et développe la sainteté. Ainsi l’activité missionnaire parmi les
nations diffère tant de l’activité pastorale à déployer à l’égard des
fidèles que des initiatives à prendre pour rétablir l’unité des
chrétiens. Cependant ces deux domaines sont très étroitement liés à
l’activité missionnaire de l’Église [17]
: la division des chrétiens, en effet, nuit [18]
à la cause très sacrée de l’annonce de l’Évangile à toute créature, et
pour beaucoup elle ferme l’accès à la foi. Ainsi de par la nécessité de
la mission, tous les baptisés sont appelés à s’assembler en un seul
troupeau, afin de pouvoir ainsi de façon unanime rendre témoignage du
Christ leur Seigneur devant les nations. S’ils sont encore incapables de
donner le témoignage d’une foi unique, il faut au moins qu’ils soient
animés par une estime et une charité réciproques.
7. Raison et
nécessité de l’activité missionnaire
La raison de cette activité
missionnaire découle de la volonté de Dieu, qui « veut que tous les
hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité. Car
il n’y a qu’un seul Dieu, et un seul médiateur entre Dieu et les hommes,
l’homme Jésus Christ, qui s’est livré en rançon pour tous » (1 Tm
2, 4-5) ; « et il n’existe de salut en aucun autre » (Ac 4, 12).
Il faut donc que tous se convertissent au Christ, connu par la
prédication de l’Église, et qu’ils soient eux aussi incorporés par le
baptême à l’Église, qui est son Corps. Car le Christ lui-même, « en
enseignant en termes formels la nécessité de la foi et du baptême (cf.
Mc 16, 16 ; Jn 3, 5), a du même coup confirmé la nécessité
de l’Église dans laquelle les hommes entrent par le baptême comme par
une porte. C’est pourquoi les hommes ne peuvent être sauvés qui,
n’ignorant pas que l’Église a été fondée comme nécessaire par Dieu par
l’intermédiaire de Jésus Christ, n’auront cependant pas voulu y entrer
ou y persévérer [19] ».
Bien que Dieu puisse par des voies connues de lui amener à la foi sans
laquelle il est impossible de plaire à Dieu (He 11, 6) des hommes
qui, sans faute de leur part, ignorent l’Évangile, la nécessité incombe
cependant à l’Église (cf. 1 Co 9, 16) – et en même temps elle en
a le droit sacré – d’évangéliser, et par conséquent son activité
missionnaire garde, aujourd’hui comme toujours, toute sa force et sa
nécessité.
C’est par elle que le Corps
mystique du Christ rassemble et ordonne sans cesse ses forces en vue de
son propre accroissement (cf. Ep 4, 11-16). C’est pour mener à
bien cette activité que les membres de l’Église sont poussés par la
charité, qui les fait aimer Dieu, et les fait désirer partager avec tous
les hommes les biens spirituels de la vie future comme ceux de la vie
présente.
Par cette activité
missionnaire enfin, Dieu est pleinement glorifié, du moment que les
hommes accueillent consciemment et pleinement son œuvre salutaire qu’il
a réalisée dans le Christ. C’est ainsi que par elle se réalise le
dessein de Dieu, que le Christ a servi par obéissance et par amour pour
la gloire du Père qui l’a envoyé [20]
: que le genre humain tout entier constitue un seul Peuple de Dieu, se
rassemble dans le corps unique du Christ, soit construit en un seul
temple du Saint-Esprit ; ce qui, en exprimant la concorde fraternelle,
répond au désir intime de tous les hommes. C’est ainsi qu’enfin
s’accomplit vraiment le dessein du Créateur formant l’homme à son image
et à sa ressemblance, quand tous ceux qui participent à la nature
humaine, une fois qu’ils auront été régénérés dans le Christ par le
Saint-Esprit, refléteront ensemble la gloire de Dieu (cf. 2 Co 3,
18) et pourront dire : « Notre Père [21]
».
8. L’activité
missionnaire dans la vie et l’histoire humaine
L’activité missionnaire
possède un lien intime avec la nature humaine elle-même et ses
aspirations. Car en manifestant le Christ, l’Église révèle aux hommes
par le fait même la vérité authentique de leur condition et de leur
vocation intégrale, le Christ étant le principe et le modèle de cette
humanité rénovée, pénétrée d’amour fraternel, de sincérité, d’esprit
pacifique, à laquelle tous aspirent. Le Christ, et l’Église qui rend
témoignage à son sujet par la prédication évangélique, transcendent tout
particularisme de race ou de nation, et par conséquent ils ne peuvent
jamais être considérés, ni lui ni elle, comme étrangers nulle part ni à
l’égard de qui que ce soit [22].
Le Christ lui-même est la vérité et la voie dont la prédication
évangélique ouvre l’accès à tous, en portant aux oreilles de tous ces
paroles du même Christ : « Faites pénitence et croyez à l’évangile » (Mc
1, 15). Puisque celui qui ne croit pas est déjà jugé (cf. Jn 3,
18), les paroles du Christ sont des paroles à la fois de jugement et de
grâce, de mort et de vie. Car c’est seulement en faisant mourir ce qui
est vieux que nous pouvons parvenir à la nouveauté de vie : cela vaut
d’abord des personnes ; mais cela vaut aussi des divers biens de ce
monde, qui sont marqués en même temps par le péché de l’homme et la
bénédiction de Dieu : « Car tous ont péché et sont privés de la gloire
de Dieu » (Rm 3, 23). Personne n’est délivré du péché ni élevé
au-dessus de lui-même par lui-même et ou par ses propres efforts,
personne n’est entièrement libéré de sa faiblesse ni de sa solitude ni
de son esclavage [23], mais
tous ont besoin du Christ le modèle, le maître, le libérateur, le
sauveur, celui qui donne la vie. En toute vérité, dans l’histoire
humaine, même au point de vue temporel, l’Évangile a été un ferment de
liberté et de progrès, et il se présente toujours comme un ferment de
fraternité, d’unité et de paix. Ce n’est donc pas sans raison que le
Christ est honoré par les fidèles comme « l’attente des nations et leur
Sauveur [24].
9. Caractère
eschatologique de l’activité missionnaire
Aussi le temps de
l’activité missionnaire se situe-t-il entre le premier avènement du
Seigneur et le second, lors duquel, des quatre vents, telle une moisson,
l’Église sera rassemblée dans le Royaume de Dieu [25].
Car avant la venue du Seigneur, il faut que l’Évangile soit proclamé
parmi toutes les nations (cf. Mc 13, 10).
L’activité missionnaire
n’est rien d’autre et rien de moins que la manifestation du dessein de
Dieu, son épiphanie et sa réalisation dans le monde et son histoire,
dans laquelle Dieu conduit clairement à son terme, par la mission,
l’histoire du salut. Par la parole de la prédication et par la
célébration des sacrements, dont la sainte Eucharistie est le centre et
le sommet, elle rend présent le Christ, auteur du salut. Tout ce qui se
trouvait déjà de vérité et de grâce chez les nations comme par une
secrète présence de Dieu, elle le libère des influences mauvaises et le
rend au Christ son auteur, qui détruit l’empire du diable et arrête la
malice infiniment diverse du crime. Aussi tout ce qu’on découvre de bon
semé dans le cœur et l’esprit des hommes ou dans les rites particuliers
et les cultures particulières des peuples, non seulement ne périt pas,
mais est purifié, élevé et porté à son achèvement pour la gloire de
Dieu, la confusion du démon et le bonheur de l’homme [26].
Ainsi l’activité missionnaire tend à la plénitude eschatologique [27]:
c’est par elle en effet que jusqu’à la mesure et à l’époque que le Père
a fixées dans sa puissance (cf. Ac 1, 7), se développe le Peuple
de Dieu, auquel s’adresse la parole prophétique : « Élargis l’espace de
la tente, déploie les tentures sans contrainte » (Is 54, 2) [28];
c’est par elle que s’accroît le Corps mystique jusqu’à la mesure de
l’âge de la plénitude du Christ (cf. Ep 4, 13), et que le temple
spirituel où Dieu est adoré en esprit et en vérité (cf. Jn 4,
23), grandit et s’édifie sur le fondement des Apôtres et des prophètes,
le Christ Jésus étant lui-même la pierre d’angle (Ep 2, 20).
CHAPITRE II :
L’œuvre missionnaire elle-même
10. Introduction
L’Église, envoyée par le
Christ pour manifester et communiquer la charité de Dieu à tous les
hommes et à toutes les nations, a conscience qu’elle a à faire une œuvre
missionnaire énorme. Car deux milliards d’hommes, dont le nombre
s’accroît de jour en jour, qui sont rassemblés en des groupements
importants et déterminés par les liens stables de la vie culturelle, par
les antiques traditions religieuses, par les liaisons solides des
relations sociales, n’ont pas encore entendu le message évangélique ou
l’ont à peine entendu ; les uns suivent l’une des grandes religions, les
autres demeurent étrangers à la connaissance de Dieu lui-même, d’autres
nient expressément son existence, parfois même la combattent. L’Église,
afin de pouvoir présenter à tous le mystère du salut et la vie apportée
par Dieu, doit s’insérer dans tous ces groupes humains du même mouvement
dont le Christ lui-même, par son incarnation, s’est lié aux conditions
sociales et culturelles déterminées des hommes avec lesquels il a vécu.
Article 1 : Le
témoignage chrétien
11. Le témoignage de
la vie et le dialogue
Il faut que l’Église soit
présente dans ces groupes humains par ses enfants, qui y vivent ou sont
envoyés vers eux. Car tous les fidèles, partout où ils vivent, sont
tenus de manifester, par l’exemple de leur vie et le témoignage de leur
parole, l’homme nouveau qu’ils ont revêtu par le baptême et la force du
Saint-Esprit qui les a fortifiés par la confirmation, afin que les
autres, considérant leurs bonnes œuvres, glorifient le Père (cf. Mt
5, 16) et perçoivent plus pleinement le sens authentique de la vie
humaine et le lien universel de communion entre les hommes.
Pour qu’ils puissent donner
avec fruit ce témoignage au Christ, ils doivent se joindre à ces hommes
dans l’estime et la charité, se reconnaître comme des membres du groupe
humain dans lequel ils vivent, avoir part à la vie culturelle et sociale
au moyen des diverses relations et des diverses affaires humaines ; ils
doivent être familiers avec leurs traditions nationales et religieuses,
découvrir avec joie et respect les semences du Verbe qui s’y trouvent
cachées ; ils doivent en même temps être attentifs à la transformation
profonde qui s’opère parmi les nations, et travailler à ce que les
hommes de notre temps, trop appliqués à la science et à la technique du
monde moderne, ne soient pas détournés des choses divines ; bien au
contraire, à ce qu’ils soient éveillés à un désir plus ardent de la
vérité et de la charité révélées par Dieu. Le Christ lui-même a scruté
le cœur des hommes et les a amenés par un dialogue vraiment humain à la
lumière divine ; de même ses disciples, profondément pénétrés de
l’Esprit du Christ, doivent connaître les hommes au milieu desquels ils
vivent, engager conversation avec eux, afin qu’eux aussi apprennent dans
un dialogue sincère et patient, quelles richesses Dieu, dans sa
munificence, a dispensées aux nations ; ils doivent en même temps
s’efforcer d’éclairer ces richesses de la lumière évangélique, de les
libérer, de les ramener sous la Seigneurie du Dieu Sauveur.
12. Présence de la
charité
La présence des chrétiens
dans les groupes humains doit être animée de cette charité dont nous a
aimés Dieu, qui veut que nous aussi nous nous aimions mutuellement de la
même charité (cf. 1 Jn 4, 11). La charité chrétienne s’étend
véritablement à tous les hommes, sans aucune distinction de race, de
condition sociale ou de religion ; elle n’attend aucun profit ni aucune
reconnaissance. Dieu nous a aimés d’un amour gratuit ; de même, que les
fidèles soient préoccupés dans leur charité de l’homme lui-même, en
l’aimant du même mouvement dont Dieu nous a cherchés. Le Christ
parcourait toutes les villes et bourgades en guérissant toutes les
maladies et infirmités, en signe de l’avènement du Règne de Dieu (cf.
Mt 9, 35 s. ; Ac 10, 38) ; de même l’Église est par ses fils
en liaison avec les hommes de quelque condition qu’ils soient ; elle
l’est surtout avec les pauvres et ceux qui souffrent et de tout son cœur
elle se dépense pour eux (cf. 2 Co 12, 15). Elle participe à
leurs joies et à leurs souffrances, elle connaît les aspirations et les
problèmes de leur vie, elle souffre avec eux dans les angoisses de la
mort. À ceux qui cherchent la paix, elle désire répondre dans un
dialogue fraternel, en leur apportant la paix et la lumière qui viennent
de l’Évangile.
Les chrétiens doivent donc
travailler, en collaboration avec tous les autres, à organiser de
manière droite les affaires économiques et sociales. Ils doivent se
dévouer avec un soin spécial à l’éducation des enfants et des jeunes au
moyen des écoles de toute sorte, qu’il faut considérer non seulement
comme un moyen privilégié pour former et faire progresser la jeunesse
chrétienne, mais en même temps comme un service de très haute valeur
pour les hommes, surtout pour les nations en voie de développement, pour
promouvoir la dignité humaine et préparer des conditions plus humaines.
Ils doivent en outre prendre leur part dans les efforts de ces peuples
qui, en faisant la guerre à la faim, à l’ignorance et aux maladies,
s’appliquent à améliorer les conditions de la vie et à affermir la paix
dans le monde. Dans cette activité, les fidèles doivent souhaiter
ardemment apporter, de façon prudente, leur contribution aux initiatives
lancées par les institutions privées et publiques, par les
gouvernements, par les organismes internationaux, par les diverses
communautés chrétiennes et par les religions non chrétiennes.
Mais l’Église ne veut en
aucune manière s’ingérer dans le gouvernement de la cité terrestre. Elle
ne revendique pour elle-même d’autre titre que celui d’être au service
des hommes, Dieu aidant, par sa charité et son dévouement fidèle (cf.
Mt 20, 26 ; 23, 11) [29].
Dans leur vie et leur
activité, les disciples du Christ, étroitement unis aux hommes, espèrent
leur présenter le vrai témoignage du Christ et travailler en vue de leur
salut, même là où ils ne peuvent annoncer pleinement le Christ. Car ils
ne recherchent pas le progrès et la prospérité purement matériels des
hommes ; mais ils entendent promouvoir leur dignité et leur union
fraternelle, en enseignant les vérités religieuses et morales que le
Christ a éclairées de sa lumière ; et ainsi, ils ouvrent pas à pas un
chemin plus parfait vers Dieu. C’est ainsi que les hommes sont aidés
dans l’obtention de leur salut par la charité envers Dieu et le prochain
; c’est ainsi que commence à luire le mystère du Christ, en qui est
apparu l’homme nouveau, créé selon Dieu (cf. Ep 4, 24), en qui la
charité de Dieu se révèle.
Article 2 : La
prédication de l’Évangile
et le rassemblement du Peuple de Dieu
13. Évangélisation et
conversion
Partout où Dieu ouvre un
champ libre à la prédication pour proclamer le mystère du Christ (cf.
Col 4, 3), on doit annoncer (cf. 1 Co 9, 16 ; Rm 10,
14) à tous les hommes (cf. Mc 16, 15) avec assurance et
persévérance (cf. Ac 4, 13.29.31 ; Ac 9, 27-28 ; Ac
13, 46 ; Ac 14, 3 ; Ac 19, 8 ; Ac 26, 26 ; Ac
28, 31 ; 1 Th 2, 2 ; 2 Co 3, 12 ; 2 Co 7, 4 ;
Phm 1, 20 ; Ep 3, 12 ; Ep 6, 19-20) le Dieu vivant,
et celui qu’il a envoyé pour le salut de tous, Jésus Christ (cf. 1 Th
1, 9-10 ; 1 Co 1, 18-21 ; Ga 3, 13-14 ; Ac 14,
15-17 ; Ac 17, 22-31), pour que les non-chrétiens, le
Saint-Esprit ouvrant leur cœur (cf. Ac 16, 14), croient, se
convertissent librement au Seigneur et s’attachent loyalement à lui qui,
étant « la voie, la vérité et la vie » (Jn 14, 6), comble toutes
leurs attentes spirituelles, bien plus, les dépasse de façon infinie.
Bien sûr, cette conversion
est à comprendre comme une conversion initiale ; elle est suffisante
cependant pour que l’homme se rende compte que, détourné du péché, il
est introduit dans le mystère de l’amour de Dieu, qui l’appelle à nouer
des rapports personnels avec lui dans le Christ. En effet, sous l’action
de la grâce de Dieu, le nouveau converti entreprend un itinéraire
spirituel par lequel, communiant déjà par la foi au mystère de la mort
et de la résurrection, il passe du vieil homme au nouvel homme qui a sa
perfection dans le Christ (cf. Col 3, 5-10 ; Ep 4, 20-24).
Ce passage, qui entraîne avec lui un changement progressif de la
mentalité et des mœurs, doit devenir manifeste avec ses conséquences
sociales et se développer peu à peu pendant le temps du catéchuménat.
Comme le Seigneur en qui il croit est un signe de contradiction (cf.
Lc 2, 34 ; Mt 10, 34-39), il n’est pas rare que le converti
fasse l’expérience de ruptures et de séparations, mais aussi connaisse
les joies que Dieu donne sans les mesurer (cf. 1 Th 1, 6).
L’Église interdit
sévèrement de forcer qui que ce soit à embrasser la foi, ou de l’y
amener ou attirer par des pratiques indiscrètes, tout comme elle
revendique avec force le droit pour qui que ce soit de n’être pas
détourné de la foi par des vexations injustes [30].
Selon la très antique
coutume de l’Église, on doit examiner avec soin les motifs de la
conversion et, s’il est nécessaire, les purifier.
14. Catéchuménat et
initiation chrétienne
Ceux qui ont reçu de Dieu,
par l’intermédiaire de l’Église, la foi au Christ [31],
doivent être admis au catéchuménat par des cérémonies liturgiques. Le
catéchuménat n’est point un simple exposé des dogmes et des préceptes,
mais une formation à la vie chrétienne intégrale et un apprentissage par
lesquels les disciples sont unis au Christ leur Maître. Les catéchumènes
doivent donc être initiés, de façon appropriée, au mystère du salut et à
la pratique des mœurs évangéliques, et introduits, par des rites sacrés,
à célébrer à des époques successives [32],
dans la vie de la foi, de la liturgie et de la charité du Peuple de
Dieu.
Ensuite, délivrés de la
puissance des ténèbres (cf. Col 1, 13) [33],
par les sacrements de l’initiation chrétienne, morts avec le Christ,
ensevelis avec lui et ressuscités avec lui (cf. Rm 6, 4-11 ;
Col 2, 12-13 ; 1 P 3, 21-22 ; Mc 16, 16), ils
reçoivent l’Esprit d’adoption filiale (cf. 1 Th 3, 5-7 ; Ac
8, 14-17) et célèbrent avec tout le Peuple de Dieu le mémorial de la
mort et de la résurrection du Seigneur.
Il faut souhaiter que la
liturgie du temps du Carême et du temps de Pâques soit restaurée de
telle manière qu’elle prépare l’âme des catéchumènes à la célébration du
mystère pascal, pendant les solennités duquel ils sont régénérés par le
baptême dans le Christ.
Cette initiation chrétienne
au cours du catéchuménat doit être l’œuvre non pas des seuls catéchistes
ou des seuls prêtres, mais celle de toute la communauté des fidèles,
spécialement celle des parrains, en sorte que dès le début les
catéchumènes sentent qu’ils appartiennent au Peuple de Dieu. La vie de
l’Église étant apostolique, les catéchumènes doivent de même apprendre à
coopérer activement par le témoignage de leur vie et la profession de
leur foi à l’évangélisation et à l’édification de l’Église.
Enfin le statut juridique
des catéchumènes doit être fixé clairement dans le nouveau Code ; ils
sont déjà unis à l’Église [34],
ils sont déjà de la maison du Christ [35],
et il n’est pas rare qu’ils mènent une vie de foi, d’espérance et de
charité.
Article 3 : La
formation de la communauté chrétienne
15. Formation de la
communauté chrétienne
Quand l’Esprit Saint, qui
appelle tous les hommes au Christ par les semences du Verbe et la
prédication de l’Évangile, et suscite dans les cœurs l’obéissance de la
foi, engendre à une nouvelle vie dans le sein de la fontaine baptismale
ceux qui croient au Christ, il les rassemble en un seul Peuple de Dieu
qui est « race élue, sacerdoce royal, nation sainte, peuple acquis » (1
P 2, 9) [36].
Les missionnaires donc,
collaborateurs de Dieu (cf. 1 Co 3, 9), doivent faire naître des
assemblées de fidèles qui, menant une vie digne de l’appel qu’elles ont
reçu (cf. Ep 4, 1), soient telles qu’elles puissent exercer les
fonctions à elles confiées par Dieu : sacerdotale, prophétique, royale.
C’est de cette manière qu’une communauté chrétienne devient signe de la
présence de Dieu dans le monde : par le sacrifice eucharistique, en
effet, elle passe au Père avec le Christ [37];
nourrie [38] avec soin de
la Parole de Dieu, elle présente le témoignage du Christ [39];
elle marche enfin dans la charité et est enflammée d’esprit apostolique
[40].
Une communauté chrétienne
doit dès le début être constituée de telle manière qu’elle puisse, dans
la mesure du possible, pourvoir elle-même à ses besoins. Ce
rassemblement de fidèles, doté des richesses culturelles de sa propre
nation, doit être profondément enraciné dans le peuple : les familles
doivent s’y épanouir, pénétrées de l’esprit évangélique [41]
et y être aidées par des écoles valables ; on doit y organiser des
associations et des groupes grâce auxquels l’apostolat des laïcs pourra
pénétrer de l’esprit évangélique toute la société. La charité enfin doit
y briller de tout son éclat entre les catholiques de rites différents [42].
L’esprit œcuménique doit
aussi être nourri parmi les néophytes, qui doivent reconnaître
honnêtement que des frères qui croient au Christ sont des disciples du
Christ, régénérés par le baptême, ayant part à de nombreux biens du
Peuple de Dieu. Autant que le permettent les situations religieuses, une
action œcuménique doit être menée de telle sorte que, étant bannie toute
apparence d’indifférentisme, de confusionnisme ou d’odieuse rivalité,
les catholiques collaborent avec les frères séparés, selon les
dispositions du décret sur l’œcuménisme, dans une commune profession de
foi en Dieu et en Jésus Christ devant les nations, dans la mesure du
possible, et dans la coopération en matière sociale et technique,
culturelle et religieuse ; qu’ils collaborent surtout à la cause du
Christ leur Seigneur commun : que son Nom les unisse! Cette
collaboration doit être établie non seulement entre les personnes
privées, mais aussi, au jugement de l’Ordinaire du lieu, entre les
Églises ou communautés ecclésiales, et entre leurs œuvres.
Les chrétiens, venus de
tous les peuples et rassemblés dans l’Église « ne se distinguent des
autres hommes ni par le gouvernement, ni par la langue, ni par les
institutions de la vie de la cité [43]
» ; aussi doivent-ils vivre pour Dieu et le Christ selon les usages de
leur pays, pour cultiver vraiment et efficacement en bons citoyens
l’amour de la patrie, en évitant cependant de manière absolue le mépris
à l’égard des races étrangères, le nationalisme exacerbé, et en
promouvant l’amour universel des hommes.
Dans l’obtention de ces
résultats, ont une très grande importance et sont dignes d’un intérêt
particulier les laïcs, c’est-à-dire les fidèles qui, incorporés au
Christ par le baptême, vivent dans le monde. C’est leur rôle propre,
quand ils sont pénétrés de l’Esprit du Christ, d’animer de l’intérieur,
à la façon d’un ferment, les réalités temporelles, et de les disposer
pour qu’elles soient toujours selon le Christ [44].
Il ne suffit point
cependant que le peuple chrétien soit présent et établi dans un pays ;
il ne suffit point non plus qu’il exerce l’apostolat de l’exemple ; il
est établi, il est présent dans ce but : annoncer le Christ aux
concitoyens non chrétiens par la parole et par l’action, et les aider à
accueillir pleinement le Christ.
En outre, pour la
plantation de l’Église et le développement de la communauté chrétienne,
sont nécessaires des ministères divers, qui, suscités par l’appel divin
du sein même de l’assemblée des fidèles, doivent être encouragés et
soutenus par tous avec un soin empressé : parmi eux, il y a les
fonctions des prêtres, des diacres et des catéchistes, et l’action
catholique. De même les religieux et les religieuses remplissent, par
leur prière, ou par leur dévouement actif, une tâche indispensable pour
enraciner dans les cœurs le règne du Christ, l’y fortifier et l’étendre
plus au loin.
16. Établissement du
clergé local
Avec une immense joie,
l’Église rend grâces pour le don inappréciable de la vocation
sacerdotale que Dieu a accordé à un si grand nombre de jeunes parmi les
peuples récemment convertis au Christ. L’Église, en effet, enfonce des
racines plus vigoureuses en chaque groupe humain, quand les diverses
communautés de fidèles possèdent, tirés de leurs membres, leurs propres
ministres du salut, dans l’ordre des évêques, des prêtres et des
diacres, qui sont au service de leurs frères, en sorte que les jeunes
Églises acquièrent peu à peu une structure diocésaine avec un clergé
propre.
Ce qui a été décidé par le
Concile à propos de la vocation et de la formation sacerdotales, doit
être observé consciencieusement dès que l’Église commence à s’implanter,
et aussi dans les jeunes Églises. Il faut faire très grand cas de ce qui
est dit de la formation spirituelle à joindre étroitement à la formation
doctrinale et pastorale, de la vie à mener en conformité avec l’Évangile
sans considération de l’avantage personnel ou de l’intérêt familial, du
sens intime du mystère de l’Église à développer. Ils apprendront ainsi
de façon merveilleuse à se consacrer tout entiers au service du Corps du
Christ et à l’œuvre de l’Évangile, à s’attacher à leur propre évêque
comme de fidèles collaborateurs, et à apporter un concours loyal à leurs
confrères [45].
Pour arriver à cette fin
générale, toute la formation des élèves doit être organisée à la lumière
du mystère du salut comme il est exposé dans les Écritures ; qu’ils
découvrent et vivent ce mystère du Christ et du salut des hommes présent
dans la liturgie [46].
Ces exigences communes de
la formation sacerdotale, même pastorale et pratique, selon les
dispositions du Concile [47],
doivent se combiner avec le zèle à prendre en considération le mode
particulier de penser et d’agir de son propre peuple. Les esprits des
élèves doivent donc être ouverts et rendus pénétrants pour bien
connaître et pouvoir juger la culture de leur pays ; dans les
disciplines philosophiques et théologiques, ils doivent saisir les
raisons qui créent un désaccord entre les traditions et la religion
nationales, et la religion chrétienne [48].
De même, la formation sacerdotale doit tenir compte des nécessités
pastorales de la région ; les élèves doivent apprendre l’histoire, le
but et la méthode de l’action missionnaire de l’Église, et les
conditions particulières d’ordre social, économique, culturel de leur
propre peuple. Ils doivent être éduqués dans un esprit d’œcuménisme et
préparés comme il convient au dialogue fraternel avec les non-chrétiens
[49].
Tout cela demande que les
études conduisant au sacerdoce soient menées, autant que faire se peut,
en pratiquant les coutumes et en partageant le mode de vie de leur
propre peuple [50] . Qu’on
veille enfin à donner une formation à une administration ecclésiastique
bien organisée, et même une formation économique. On devra aussi choisir
des prêtres capables qui, après une pratique pastorale d’une certaine
durée, pourront mener à bon terme des études supérieures dans des
universités même étrangères, surtout à Rome, et dans d’autres instituts
scientifiques, en sorte que les jeunes Églises aient à leur disposition
des prêtres venant du clergé local, dotés d’une science et d’une
expérience convenables, pour remplir les fonctions ecclésiastiques plus
ardues.
Là où les Conférences
épiscopales le jugeront opportun, l’ordre du diaconat devra être rétabli
comme état de vie permanent, selon les dispositions de la Constitution
sur l’Église [51]. Il est
utile en effet que les hommes qui accomplissent un ministère vraiment
diaconal, ou en prêchant la Parole de Dieu, ou en gouvernant au nom du
curé et de l’évêque les communautés chrétiennes éloignées, ou en
exerçant la charité dans les œuvres sociales ou caritatives, soient
fortifiés par l’imposition des mains transmise depuis les Apôtres et
plus étroitement unis à l’autel, pour qu’ils s’acquittent de leur
ministère plus efficacement, au moyen de la grâce sacramentelle du
diaconat.
17. Formation des
catéchistes
De même elle est digne
d’éloge cette armée, qui a si magnifiquement mérité de l’œuvre des
missions auprès des nations, l’armée des catéchistes hommes et femmes
qui, pénétrés d’esprit apostolique, apportent par leurs labeurs
considérables une aide singulière et absolument nécessaire à l’expansion
de la foi et de l’Église.
De nos jours, du fait du
petit nombre de clercs pour évangéliser de si grandes multitudes et
accomplir le ministère pastoral, la fonction des catéchistes a une très
grande importance. Leur formation doit donc être améliorée et adaptée au
progrès culturel de façon à ce qu’ils puissent remplir le plus
parfaitement possible leur fonction en collaborateurs efficaces de
l’ordre sacerdotal, – fonction qui se complique de charges nouvelles et
plus amples.
Il faut donc multiplier les
écoles diocésaines et régionales dans lesquelles les futurs catéchistes
étudieront avec soin la doctrine catholique, surtout en matière biblique
et liturgique, et aussi la méthode catéchétique et la pratique
pastorale, se formeront aux mœurs des chrétiens [52],
s’appliquant sans arrêt à cultiver la piété et la sainteté de vie. De
plus on devra établir des sessions ou des cours qui permettront aux
catéchistes de se renouveler, à périodes fixes, dans les disciplines et
les techniques utiles à leur ministère, de nourrir et de fortifier leur
vie spirituelle. En outre, à ceux qui se dévouent entièrement à cette
besogne, on devra procurer par une juste rémunération un état de vie
décent et la sécurité sociale [53].
On souhaite qu’il soit
pourvu d’une manière convenable à la formation et à l’entretien des
catéchistes par des subsides spéciaux du S. Dicastère de la Propagation
de la foi. Si cela apparaît nécessaire et indiqué, on fondera une œuvre
pour les catéchistes.
De plus, les Églises
apprécieront avec reconnaissance le labeur généreux des catéchistes
auxiliaires, dont l’aide leur sera indispensable. Ils président les
prières dans leurs communautés et enseignent la doctrine. Il faut donc
se préoccuper comme il convient de leur formation doctrinale et
spirituelle. En outre, il est souhaitable que, là où cela paraîtra
opportun, la mission canonique soit confiée publiquement, au cours d’une
action liturgique, aux catéchistes qui auront reçu une formation
suffisante, afin qu’ils soient au service de la foi auprès du peuple
avec une plus grande autorité.
18. Promouvoir la vie
religieuse
Dès la période de la
plantation de l’Église, on doit prendre soin d’introduire la vie
religieuse : non seulement elle apporte une aide précieuse et absolument
nécessaire à l’activité missionnaire, mais par la consécration plus
intime faite à Dieu dans l’Église, elle manifeste aussi avec éclat et
fait comprendre la nature intime de la vocation chrétienne [54].
Les instituts religieux qui
travaillent à la plantation de l’Église, profondément imprégnés des
richesses mystiques qui sont la gloire de la tradition religieuse de
l’Église, doivent s’efforcer de les exprimer et de les transmettre selon
le génie et le caractère de chaque peuple. Ils doivent examiner comment
les traditions ascétiques et contemplatives, dont les germes ont été
quelquefois répandus par Dieu dans les civilisations antiques avant la
prédication de l’Évangile, peuvent être assumées dans la vie religieuse
chrétienne.
Dans les jeunes Églises,
les diverses formes de vie religieuse doivent être cultivées avec soin,
afin de montrer les divers aspects de la mission du Christ et de la vie
de l’Église, d’apporter un dévouement aux diverses œuvres pastorales et
de préparer comme il le faut leurs membres à les accomplir. Cependant,
que les évêques veillent dans leurs conférences à ce que des
Congrégations poursuivant la même fin apostolique ne se multiplient pas
au détriment de la vie religieuse et de l’apostolat.
Sont dignes d’une mention
spéciale les diverses initiatives en vue de l’enracinement de la vie
contemplative : certains instituts, gardant les éléments essentiels de
l’institution monastique, travaillent à implanter la très riche
tradition de leur ordre ; d’autres reviennent aux formes plus simples du
monachisme antique ; tous cependant doivent chercher une authentique
adaptation aux conditions locales. La vie contemplative, relevant du
développement complet de la présence de l’Église, doit être instaurée
partout dans les jeunes Églises.
CHAPITRE III :
Les Églises particulières
19. Le progrès des
jeunes Églises
Quand l’assemblée des
fidèles est déjà enracinée dans la vie sociale et a épousé jusqu’à un
certain point la culture locale, qu’elle jouit d’une certaine stabilité
et solidité, l’œuvre de plantation de l’Église dans ce groupe humain
déterminé atteint dans une certaine mesure son terme ; ayant ses
ressources propres, fussent-elles insuffisantes, en clergé local, en
religieux et en laïcs, elle est enrichie de ces ministères et
institutions qui sont nécessaires pour diriger et développer la vie du
Peuple de Dieu sous la conduite de l’évêque.
Dans ces jeunes Églises, la
vie du Peuple de Dieu doit acquérir sa maturité dans tous les domaines
de la vie chrétienne, qui doit être renouvelée selon les dispositions de
ce Concile ; les assemblées de fidèles deviennent de jour en jour plus
consciemment des communautés de foi, de liturgie et de charité ; par
leur activité civile et apostolique les laïcs travaillent à instaurer
dans la cité un ordre de charité et de justice ; les moyens de
communication sociale sont employés de manière opportune et prudente ;
grâce à une vie vraiment chrétienne, les familles deviennent des
séminaires d’apostolat des laïcs et de vocations sacerdotales et
religieuses. La foi enfin est enseignée selon une catéchèse adaptée,
elle est célébrée dans une liturgie conforme au génie du peuple, et, par
une législation canonique appropriée, elle passe dans les institutions
honorables et dans les coutumes locales.
Les évêques, chacun avec
son presbyterium, de plus en plus pénétrés du sens du Christ et de
l’Église, doivent sentir et vivre avec l’Église universelle. Intime doit
demeurer la communion des jeunes Églises avec l’Église tout entière ;
elles doivent en joindre les éléments traditionnels à leur culture
propre, pour accroître la vie du Corps mystique par des échanges mutuels
[55]. On doit donc cultiver
les éléments théologiques, psychologiques et humains qui peuvent
contribuer à favoriser ce sens de la communion avec l’Église
universelle.
Ces Églises, situées très
souvent dans des contrées plus pauvres du globe, souffrent encore d’une
pénurie, d’ordinaire très grave, de prêtres, et d’un manque de subsides
matériels. Aussi ont-elles un très grand besoin que l’action
missionnaire incessante de l’Église tout entière leur procure les
secours qui servent tout d’abord au développement de l’Église locale et
à la maturation de la vie chrétienne. Cette action missionnaire doit
aussi apporter son aide à des Églises, fondées de longue date, qui se
trouvent dans un certain état de régression et de faiblesse.
Cependant ces Églises
doivent renouveler leur zèle pastoral commun et les œuvres adaptées qui
permettent que les vocations pour le clergé diocésain et les instituts
religieux s’accroissent en nombre, soient discernées avec plus de sûreté
et cultivées avec un soin plus efficace [56],
en sorte que peu à peu ces Églises puissent pourvoir à leurs propres
besoins et apporter de l’aide aux autres.
20. L’activité
missionnaire des Églises particulières
L’Église particulière étant
tenue de représenter le plus parfaitement possible l’Église universelle,
elle doit savoir nettement qu’elle a été envoyée aussi à ceux, qui ne
croyant pas au Christ, demeurent avec elle sur le même territoire, afin
d’être, par le témoignage de la vie de chacun des fidèles et de toute la
communauté, un signe qui leur montre le Christ.
De plus, le ministère de la
parole est indispensable pour que l’Évangile parvienne à tous. Il faut
donc qu’avant tout l’évêque soit un prédicateur de la foi, qui amène au
Christ de nouveaux disciples [57].
Pour s’acquitter comme il faut de cette noble tâche, il doit connaître à
fond la situation de son troupeau, les opinions intimes sur Dieu de ses
concitoyens, en tenant soigneusement compte des changements introduits
par l’urbanisation, les migrations et l’indifférentisme religieux.
Dans les jeunes Églises,
les prêtres locaux doivent entreprendre avec ardeur l’œuvre de
l’évangélisation, organisant une action commune avec les missionnaires
étrangers avec lesquels ils forment un seul presbyterium parfaitement
uni sous l’autorité de l’évêque, non seulement pour paître les fidèles
et célébrer le culte divin, mais aussi pour annoncer l’évangile à ceux
qui sont au-dehors. Ils doivent se montrer prêts, et à l’occasion
s’offrir d’un cœur ardent à l’évêque, pour entreprendre le travail
missionnaire dans les régions éloignées et délaissées de leur propre
diocèse ou en d’autres diocèses.
Du même zèle doivent brûler
les religieux et les religieuses, et de même les laïcs à l’égard de
leurs concitoyens, de ceux surtout qui sont plus pauvres.
Les conférences épiscopales
doivent veiller à ce que, à des dates fixes, soient organisés des cours
de renouvellement biblique, théologique, spirituel et pastoral dans
l’intention suivante : que parmi les bouleversements et les changements,
le clergé acquière une connaissance plus pleine de la science
théologique et des méthodes pastorales.
Pour le reste, que soit
observé consciencieusement ce que le Concile a décidé, spécialement dans
le décret sur le ministère et la vie des prêtres.
Pour que cette œuvre
missionnaire d’une Église particulière puisse être menée à bien, il faut
avoir des ministres capables, qu’on préparera à temps de la manière qui
convient à la situation de chaque Église. Les hommes se réunissant de
plus en plus en groupes, il convient tout à fait que les conférences
épiscopales aient des échanges sur le dialogue à instaurer avec ces
groupes. Si en certaines régions il se rencontre des groupes d’hommes
qui sont détournés d’embrasser la foi catholique, du fait qu’ils ne
peuvent s’adapter à la forme particulière que l’Église y a revêtue, il
est souhaitable qu’on pourvoie de façon spéciale [58]
à une telle situation, jusqu’à ce que tous les chrétiens puissent être
rassemblés en une seule communauté. Les évêques doivent appeler dans
leur diocèse ou recevoir volontiers les missionnaires dont le Siège
apostolique pourrait disposer dans ce but, et favoriser efficacement
leurs initiatives.
Pour que ce zèle
missionnaire commence à fleurir chez les frères de la même patrie, il
convient tout à fait que les jeunes Églises participent effectivement à
la mission universelle de l’Église en envoyant elles aussi des
missionnaires qui pourront annoncer l’Évangile par toute la terre, bien
qu’elles souffrent d’une pénurie de clergé. La communion avec l’Église
universelle sera d’une certaine manière consommée lorsque, elles aussi,
participeront activement à l’action missionnaire auprès d’autres
nations.
21. Promouvoir
l’apostolat des laïcs
L’Église n’est pas fondée
vraiment, elle ne vit pas pleinement, elle n’est pas le signe parfait du
Christ parmi les hommes si un laïcat authentique n’existe pas et ne
travaille pas avec la hiérarchie. L’Évangile ne peut s’enraciner
profondément dans les esprits, la vie, et le travail d’un peuple, sans
la présence active des laïcs. Par conséquent, faut-il dès la fondation
d’une Église, apporter une très grande attention à constituer un laïcat
chrétien qui atteigne sa maturité.
Les fidèles laïcs,
appartiennent à la fois au Peuple de Dieu et à la société civile ; ils
appartiennent à leur peuple, ils y sont nés ; ils ont commencé à avoir
part par l’éducation à ses trésors culturels, ils sont liés à sa vie par
des liens sociaux de forme multiple ; ils sentent ses problèmes comme
étant les leurs propres, et ils s’appliquent à les résoudre ; ils
appartiennent aussi au Christ, parce qu’ils ont été régénérés dans
l’Église par la foi et le baptême afin d’être au Christ (cf. 1 Co
15, 23) par la nouveauté de leur vie et leur action, afin aussi que dans
le Christ tout soit soumis à Dieu, et qu’enfin Dieu soit tout en tous
(cf. 1 Co 15, 28).
Leur principal devoir à
eux, hommes et femmes, c’est le témoignage du Christ, qu’ils doivent
rendre par leur vie et leurs paroles, dans leur famille, dans leur
groupe social, dans leur milieu professionnel. Il faut donc
qu’apparaisse en eux l’homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et
la sainteté véritable (cf. Ep 4, 24). Ils doivent exprimer cette
nouveauté de vie dans le milieu social et culturel de leur patrie, selon
les traditions nationales. Ils doivent connaître cette culture, la
purifier, la conserver, la développer selon les situations récentes,
enfin lui donner sa perfection dans le Christ, afin que la foi au Christ
et la vie de l’Église ne soient plus étrangères à la société dans
laquelle ils vivent, mais commencent à la pénétrer et à la transformer.
Ils doivent être unis à leurs concitoyens par une charité sincère, afin
que dans leur comportement apparaisse un nouveau lien d’unité et de
solidarité universelle, puisées dans le mystère du Christ. Ils doivent
aussi répandre la foi au Christ parmi ceux auxquels ils sont liés par la
vie et la profession ; cette obligation s’impose d’autant plus que la
plupart des hommes ne peuvent entendre l’Évangile et connaître le Christ
que par les laïcs proches d’eux. Bien plus, là ou c’est possible, les
laïcs doivent être prêts, en une collaboration plus immédiate avec la
hiérarchie, à remplir une mission spéciale pour annoncer l’Évangile et
communiquer la doctrine chrétienne, afin de rendre plus vigoureuse
l’Église naissante.
Les ministres de l’Église
doivent tenir en grande estime l’apostolat difficile des laïcs ; ils
doivent former les laïcs pour que, comme membres du Christ, ils prennent
conscience de leur responsabilité à l’égard de tous les hommes ; ils
doivent les instruire profondément dans le mystère du Christ, les
initier aux méthodes pratiques, être avec eux dans les difficultés,
selon la pensée de la Constitution
Lumen gentium et du Décret
Apostolicam actuositatem.
Les fonctions et les
responsabilités propres des pasteurs étant bien respectées, la jeune
Église tout entière doit rendre un seul témoignage vivant et ferme au
Christ, afin de devenir un signe éclatant du salut qui nous arrive dans
le Christ.
22. Diversité dans
l’unité
La semence, qu’est la
Parole de Dieu, venant à germer dans une bonne terre arrosée de la rosée
divine, y puise la sève, la transforme et l’assimile pour porter enfin
un fruit abondant. Certes à l’instar de l’économie de l’Incarnation, les
jeunes Églises enracinées dans le Christ et édifiées sur le fondement
des Apôtres, assument pour un merveilleux échange toutes les richesses
des nations qui ont été données au Christ en héritage (cf. Ps 2,
8). Elles empruntent aux coutumes et aux traditions de leurs peuples, à
leur sagesse, à leur science, à leurs arts, à leurs disciplines, tout ce
qui peut contribuer à confesser la gloire du Créateur, mettre en lumière
la grâce du Sauveur, et ordonner comme il le faut la vie chrétienne [59].
Pour réaliser ce dessein,
il est nécessaire que dans chaque grand territoire socioculturel, comme
on dit, une réflexion théologique soit encouragée, par laquelle, à la
lumière de la Tradition de l’Église universelle, les faits et les
paroles révélés par Dieu, consignés dans les Saintes Écritures,
expliqués par les Pères de l’Église et le magistère, seront soumis à un
nouvel examen. Ainsi on saisira plus nettement par quelles voies la foi,
compte tenu de la philosophie et de la sagesse des peuples, peut «
chercher l’intelligence », et de quelles manières les coutumes, le sens
de la vie, l’ordre social peuvent s’accorder avec les mœurs que fait
connaître la révélation divine. Ainsi apparaîtront des voies vers une
plus profonde adaptation dans toute l’étendue de la vie chrétienne. De
cette manière, toute apparence de syncrétisme et de faux particularisme
sera écartée, la vie chrétienne sera ajustée au génie et au caractère de
chaque culture [60], les
traditions particulières avec les qualités propres, éclairées par la
lumière de l’Évangile, de chaque famille des peuples, seront assumées
dans l’unité catholique. Enfin les nouvelles Églises particulières,
enrichies de leurs traditions, auront leur place dans la communion
ecclésiale, la primauté de la Chaire de Pierre, qui préside
l’universelle assemblée de la charité [61],
demeurant intacte.
Il faut donc souhaiter, –
bien plus, il convient tout à fait –, que les conférences épiscopales,
dans le cadre de chaque grand territoire socioculturel, s’unissent de
telle manière qu’elles puissent, en plein accord et en mettant en commun
leurs avis, poursuivre ce propos d’adaptation.
CHAPITRE IV :
Les missionnaires
23. La vocation
missionnaire
Bien qu’à tout disciple du
Christ incombe pour sa part la charge de répandre la foi [62],
le Christ Seigneur appelle toujours parmi ses disciples ceux qu’il veut
pour qu’ils soient avec lui et pour les envoyer prêcher aux nations (cf.
Mc 3, 13 s.). Aussi par l’Esprit Saint, qui répartit comme il lui
plaît les charismes pour le bien de l’Église (1 Co 12, 11),
inspire-t- il la vocation missionnaire dans le cœur d’individus et
suscite-t-il en même temps dans l’Église des instituts [63],
qui se chargent comme d’un devoir propre de la mission d’évangélisation
qui appartient à toute l’Église.
Ils sont en effet marqués
d’une vocation spéciale, ceux qui, doués d’un caractère naturel
approprié, ayant les aptitudes requises en raison de leurs qualités et
de leur intelligence, sont prêts à assumer [64]
l’œuvre missionnaire, qu’ils soient autochtones ou étrangers : prêtres,
religieux, laïcs. Envoyés par l’autorité légitime, ils partent, dans la
foi et l’obéissance, vers ceux qui sont loin du Christ, mis à part pour
l’œuvre en vue de laquelle ils ont été choisis (cf. Ac 13, 2),
comme ministres de l’Évangile « pour que l’offrande des païens soit
agréée, étant sanctifiée par l’Esprit Saint » (Rm 15, 16).
24. La spiritualité
missionnaire
Mais au vrai Dieu qui
l’appelle, l’homme doit répondre d’une manière telle que, sans consulter
la chair ni le sang (cf. Ga 1, 16), il s’attache tout entier à l’œuvre
de l’Évangile. Mais cette réponse ne peut être donnée qu’à l’invitation
et avec la force de l’Esprit Saint. L’envoyé entre, en effet, dans la
vie et la mission de Celui qui « s’est anéanti en prenant la forme
d’esclave » (Ph 2, 7). Il doit donc être prêt à rester fidèle à
sa vocation pendant toute sa vie, à renoncer à lui-même et à tout ce
qu’il a possédé jusque-là, et à « se faire tout à tous » (1 Co 9,
22).
Annonçant l’Évangile parmi
les nations, il doit faire connaître avec assurance le mystère du
Christ, dont il est l’ambassadeur, de telle manière qu’en Lui il ait
l’audace de parler comme il le faut (cf. Ep 6, 19 s. ; Ac
4, 31) sans rougir du scandale de la croix. Suivant les traces de son
Maître qui était doux et humble de cœur, il doit montrer que son joug
est doux et son fardeau léger (Mt 11, 29 s.). Par une vie
véritablement évangélique [65],
par une grande constance, par la longanimité, par la douceur, par une
charité non feinte (cf. 2 Co 6, 4 s.), il doit rendre témoignage
à son Seigneur et même, si c’est nécessaire, jusqu’à l’effusion du sang.
Il obtiendra de Dieu courage et force pour reconnaître que, dans les
multiples tribulations et la très profonde pauvreté qu’il expérimente,
se trouve une abondance de joie (cf. 2 Co 8, 2). Il doit être
persuadé que l’obéissance est la vertu spécifique du ministre du Christ,
qui a racheté le genre humain par son obéissance.
Les prédicateurs de
l’Évangile doivent se garder de négliger la grâce qui est en eux ; ils
doivent se renouveler de jour en jour par une transformation spirituelle
(cf. 1 Tm 4, 14 ; Ep 4, 23 ; 2 Co 4, 16). Les
Ordinaires et les supérieurs devront à dates fixes réunir les
missionnaires pour qu’ils soient fortifiés dans l’espérance de leur
vocation et renouvelés dans leur ministère apostolique ; des maisons
adaptées pourront même être organisées dans ce but.
25. Formation
spirituelle et morale
Le futur missionnaire doit
être préparé à une si noble tâche par une formation spirituelle et
morale spéciale [66]. Il
doit être prompt à prendre des initiatives, avoir de la constance pour
mener à leur terme ses œuvres, être persévérant dans les difficultés ;
il doit supporter patiemment, courageusement, la solitude, la fatigue,
le travail stérile. Il ira au-devant des hommes avec largeur d’esprit et
ouverture de cœur ; il entreprendra volontiers les tâches qui lui auront
été confiées ; il s’adaptera généreusement aux mœurs étrangères des
peuples, aux situations changeantes ; en plein accord avec eux, avec une
charité réciproque, il apportera son travail et son aide à ses frères et
à tous ceux qui se consacrent à la même besogne, en sorte qu’ils soient
ensemble avec les fidèles, à l’imitation de la communauté apostolique,
un seul cœur et une seule âme (cf. Ac 2, 42 ; Ac 4, 32).
Déjà pendant le temps de la
formation, ces dispositions d’âme doivent être mises en œuvre,
cultivées, approfondies et nourries par la vie spirituelle. Pénétré
d’une foi vive et d’une espérance inébranlable, le missionnaire doit
être un homme de prière ; il doit être enflammé d’un esprit de force,
d’amour, de maîtrise de soi (cf. 2 Tm 1, 7) ; il doit apprendre à
se suffire en toute occasion (cf. Ph 4, 11) ; dans un esprit de
sacrifice, il doit porter en lui l’état de mort de Jésus, afin que la
vie de Jésus opère en ceux à qui il est envoyé (cf. 2 Co 4, 10
s.) ; par zèle des âmes, il doit de tout cœur tout dépenser et en outre
se dépenser lui-même pour les âmes (cf. 2 Co 12, 15 s.), au point
que « par l’exercice quotidien de sa tâche, il grandisse dans l’amour de
Dieu et du prochain [67] ».
C’est ainsi que, obéissant à la volonté du Père avec le Christ, il
continuera la mission du Christ sous l’autorité hiérarchique de
l’Église, et collaborera au mystère du salut.
26. Formation
doctrinale et apostolique
Ceux qui seront envoyés
vers les diverses nations, doivent être comme de bons ministres du
Christ nourris « des enseignements de la foi et de la bonne doctrine » (1
Tm 4, 6), qu’ils puiseront avant tout dans les Saintes Écritures,
approfondissant le mystère du Christ dont ils seront les hérauts et les
témoins.
C’est pourquoi tous les
missionnaires – prêtres, frères, sœurs, laïcs – doivent être préparés et
formés, chacun selon sa condition, afin d’être à la hauteur des
exigences de leur future tâche [68].
Dès le début déjà, leur formation doctrinale doit être organisée de
telle manière qu’elle embrasse l’universalité de l’Église et la
diversité des peuples. Cela vaut pour toutes les disciplines par
lesquelles ils sont préparés à exercer leur ministère, et des autres
sciences dont ils seront utilement instruits, afin qu’ils aient une
connaissance générale des peuples, des cultures, des religions, tournée
non seulement vers le passé, mais aussi vers le présent. Quiconque en
effet doit aborder un autre peuple, doit tenir en estime son patrimoine,
ses langues, ses mœurs. Il est donc absolument nécessaire au futur
missionnaire de s’adonner aux études missiologiques, c’est-à-dire de
connaître la doctrine et les règles de l’Église concernant l’activité
missionnaire, de savoir quels chemins les messagers de l’Évangile ont
parcourus au cœurs des siècles, ainsi que la situation actuelle des
missions, en même temps que les méthodes jugées actuellement les plus
efficaces [69].
Bien que cette formation
tout entière doive être pénétrée de sollicitude pastorale, une formation
apostolique particulière, bien structurée, doit être proposée, tant par
des cours que par des exercices pratiques [70].
Le plus grand nombre
possible de frères et de sœurs doivent être instruits convenablement de
l’art de la catéchèse, y être préparés, afin de pouvoir collaborer
davantage encore à l’apostolat.
Même ceux qui assument pour
une période seulement un rôle dans l’activité missionnaire, il est
nécessaire qu’ils acquièrent une formation appropriée à leur condition.
Ces diverses sortes de
formation doivent être complétées dans les pays auxquels ils sont
envoyés, de sorte que les missionnaires connaissent de manière plus
étendue l’histoire, les structures sociales, les coutumes des peuples,
qu’ils aient des idées plus précises sur l’ordre moral, les préceptes
religieux ainsi que les convictions intimes qu’ils ont acquises selon
leurs traditions sacrées sur Dieu, le monde et l’homme [71].
Ils doivent apprendre les langues jusqu’à pouvoir les utiliser aisément
et correctement, et trouver ainsi un accès plus facile à l’esprit et au
cœur des hommes [72]. En
outre, ils doivent être initiés aux besoins pastoraux particuliers du
pays.
Quelques-uns des
missionnaires devront être préparés d’une manière plus approfondie
auprès des instituts de missiologies, ou d’autres facultés ou
universités, afin de pouvoir s’acquitter plus efficacement de certaines
tâches spéciales [73] et
rendre service par leur science aux autres missionnaires dans l’exercice
de leur activité missionnaire qui, de nos jours surtout, présente tant
de difficultés et tant d’opportunités. Il est en outre tout à fait
souhaitable que les conférences épiscopales régionales aient à leur
disposition un bon nombre d’experts de ce genre, et qu’elles usent avec
fruit de leur science et de leur expérience dans les difficultés que
rencontre leur tâche. On ne doit pas non plus manquer de personnes qui
sachent utiliser les instruments techniques et les moyens de
communication sociale, dont tous doivent apprécier hautement
l’importance.
27. Les instituts qui
travaillent dans les missions
Tout cela, nécessaire
pourtant de façon absolue à quiconque est envoyé aux nations, peut à
peine être vraiment réalisé par des individus. L’œuvre missionnaire
elle-même, au témoignage de l’expérience, ne pouvant non plus être
accomplie par des isolés, une vocation commune a rassemblé des personnes
en des instituts dans lesquels, en mettant en commun leurs forces, elles
pourront recevoir une formation adaptée et s’acquitter de cette œuvre au
nom de l’Église et selon la volonté de l’autorité hiérarchique. Depuis
de nombreux siècles, ces instituts ont porté le poids du jour et de la
chaleur, soit qu’ils se vouent totalement au labeur missionnaire, soit
que cette activité absorbe une partie seulement de leurs efforts.
Souvent d’immenses territoires leur ont été confiés par le Saint Siège
pour être évangélisés ; ils y ont rassemblé pour Dieu un nouveau peuple,
une Église locale attachée à ses propres pasteurs. Les Églises qu’ils
ont fondées par leur sueur, bien plus encore par leur sang, ils seront à
leur service par leur zèle et leur expérience en une collaboration
fraternelle, ou en prenant la charge des âmes, ou en s’acquittant de
fonctions spéciales en vue du bien commun.
Parfois, pour toute
l’étendue d’une région, ils assumeront certaines tâches plus urgentes,
par exemple l’évangélisation de groupes humains ou de peuples qui
n’auraient pas encore, pour diverses raisons, reçu le message
évangélique, ou qui jusqu’ici lui ont résisté [74].
Si besoin est, ils doivent
être prêts à former et à aider de leur expérience ceux qui se consacrent
pour un temps à l’activité missionnaire.
Pour ces raisons, et du
fait qu’il existe encore des peuples nombreux qu’il faut amener au
Christ, les instituts demeurent absolument nécessaires.
CHAPITRE V :
L’organisation de l’activité missionnaire
28. Introduction
Les chrétiens, puisqu’ils
ont des charismes différents (cf. Rm 12, 6), doivent collaborer à
l’œuvre de l’Évangile, chacun selon ses possibilités, son aptitude, son
charisme et son ministère (cf. 1 Co 3, 10) ; tous par conséquent,
ceux qui sèment et ceux qui moissonnent (cf. Jn 4, 37), ceux qui
plantent et ceux qui arrosent, il faut qu’ils soient un (cf. 1 Co
3, 8), afin que, tendant tous librement et de manière ordonnée à la même
fin [75] », ils dépensent
leurs forces d’un même cœur pour l’édification de l’Église. C’est
pourquoi les travaux des prédicateurs de l’Évangile et l’aide des autres
chrétiens doivent être dirigés et coordonnés de telle manière que « tout
se fasse selon l’ordre » (1 Co 14, 40) dans tous les domaines de
l’activité et de la coopération missionnaires.
29. Organisation
générale
La charge d’annoncer
l’Évangile par toute la terre étant en premier lieu l’affaire du corps
épiscopal [76], le synode
des évêques ou « conseil stable d’évêques pour l’Église universelle [77]
» doit avoir, parmi les affaires d’importance générale [78],
un souci spécial de l’activité missionnaire, qui est une charge très
importante et très sacrée de l’Église [79].
Pour toutes les missions et pour toute l’activité missionnaire, il faut
qu’il n’y ait qu’un seul dicastère compétent, celui de la « Propagation
de la foi », par lequel doivent être dirigées et coordonnées par toute
la terre l’œuvre missionnaire et la coopération missionnaire cependant
le droit des Églises orientales, étant sauf [80].
Bien que l’Esprit Saint
suscite de diverses manières l’esprit missionnaire dans l’Église de
Dieu, bien qu’il ne soit pas rare que l’action de l’Esprit devance
l’action de ceux à qui il appartient de gouverner la vie de l’Église, ce
dicastère doit cependant, pour sa part, promouvoir la vocation et la
spiritualité missionnaires, le zèle et la prière pour les missions, et
publier à leur sujet des informations authentiques et valables. C’est
par lui que doivent être suscités et répartis, selon les besoins plus
urgents des régions, les missionnaires. C’est par lui que doit être
établi un plan rationnel d’action ; c’est de lui que doivent provenir
les normes directrices et les principes adaptés pour l’évangélisation ;
c’est par lui que doivent être données les impulsions. C’est par lui que
doit être lancée et coordonnée une collecte efficace de ressources qui
seront distribuées en tenant compte de la nécessité ou de l’utilité et
de l’étendue des territoires, du nombre des fidèles et des infidèles,
des œuvres et des instituts, des ministres et des missionnaires.
En union avec le
Secrétariat pour favoriser l’unité des chrétiens, ce dicastère doit
chercher les moyens de procurer et d’organiser la collaboration
fraternelle ainsi que la bonne entente avec les initiatives
missionnaires d’autres communautés chrétiennes, afin que le scandale de
la division soit supprimé dans la mesure du possible.
Aussi est-il nécessaire que
ce dicastère soit autant un instrument d’administration qu’un organe de
direction dynamique, qui use de méthodes scientifiques et de moyens
adaptés aux conditions de notre temps, c’est-à-dire en tenant compte de
la recherche actuelle en théologie, en méthodologie et en pastorale
missionnaire.
Dans la direction de ce
dicastère doivent avoir une part active, avec voix délibérative, des
représentants choisis de tous ceux qui collaborent à l’œuvre
missionnaire : des évêques du monde entier, après consultation des
conférences épiscopales ; des directeurs des instituts et des œuvres
pontificales, selon des modes et des méthodes à établir par le Pontife
romain. Tous ces représentants, qui seront convoqués à dates fixes,
doivent assurer, sous l’autorité du Souverain Pontife, l’organisation
suprême de toute l’œuvre missionnaire.
Un groupe permanent
d’experts consulteurs, de science ou d’expérience éprouvées, à qui il
appartiendra entre autres choses de recueillir des nouvelles opportunes
sur la situation locale des diverses régions et la mentalité des divers
groupes humains, sur les méthodes d’évangélisation à employer, – et de
proposer des conclusions scientifiquement fondées pour l’œuvre et la
coopération missionnaires – doit être à la disposition de ce dicastère.
Les instituts de
religieuses, les œuvres régionales pour les missions, les organisations
de laïcs, particulièrement les organisations internationales, doivent
être représentées de la manière qui convient.
30. Organisation
locale dans les missions
Pour que dans l’exercice de
l’œuvre missionnaire elle-même les buts soient atteints et les résultats
obtenus, tous ceux qui travaillent à la mission doivent avoir « un seul
cœur et une seule âme » (Ac 4, 32).
C’est le rôle de l’évêque,
comme directeur et centre de l’unité dans l’apostolat diocésain, de
promouvoir l’activité missionnaire, de la diriger, de la coordonner, de
telle manière pourtant que soit sauvegardée et encouragée la spontanéité
de ceux qui ont une part dans cette œuvre. Tous les missionnaires, même
les religieux exempts, sont soumis à son autorité dans les diverses
œuvres qui regardent l’exercice de l’apostolat sacré [81].
En vue d’une meilleure coordination, l’évêque doit constituer, dans la
mesure du possible, un conseil pastoral, dans lequel les clercs, les
religieux et les laïcs auront leur part par l’intermédiaire de délégués
choisis. L’évêque doit veiller en outre à ce que l’activité apostolique
ne soit pas limitée aux seuls convertis, mais à ce qu’une part égale
d’ouvriers et de subsides soit destinée à l’évangélisation des
non-chrétiens.
31. Coordination
régionale
Les conférences épiscopales
doivent traiter par des délibérations communes des questions plus graves
et des problèmes plus urgents, sans négliger cependant les différences
locales [82]. Pour qu’on ne
disperse pas les ressources insuffisantes en personnes et en ressources
; pour qu’on ne multiplie pas sans nécessité les initiatives, il est
recommandé de fonder, en mettant en commun les forces, des œuvres qui
serviront au bien de tous, par exemple des séminaires, des écoles
supérieures et techniques, des centres pastoraux, catéchétiques,
liturgiques ainsi que des centres de moyens de communication sociale.
Une coopération de ce genre
doit être établie, selon l’opportunité, même entre diverses conférences
épiscopales.
32. Organisation de
l’activité des instituts
Il est utile aussi de
coordonner les activités menées par les instituts ou les associations
ecclésiastiques. Tous, de quelque genre qu’ils soient, en tout ce qui
regarde l’activité missionnaire elle-même, doivent obéir à l’Ordinaire
du lieu. Aussi sera-t-il très utile de conclure des conventions
particulières, qui régleront les rapports entre l’Ordinaire du lieu et
le directeur de l’institut.
Quand un territoire a été
confié à un institut, le supérieur ecclésiastique et l’institut auront à
cœur de tout mettre en œuvre pour ce but : que la nouvelle communauté
chrétienne grandisse et devienne une Église locale qui, en temps
opportun, sera gouvernée par son propre pasteur avec son clergé.
Quand cesse le mandat sur
un territoire, naît une nouvelle situation. Alors les conférences
épiscopales et les instituts doivent établir, par délibération commune,
les règles qui doivent régir les rapports entre les Ordinaires des lieux
et les instituts [83]. Il
appartient au Saint-Siège d’esquisser les principes généraux selon
lesquels les conventions régionales ou même particulières doivent être
conclues.
Même si les instituts sont
prêts à continuer l’œuvre commencée, en collaborant au ministère
ordinaire du soin des âmes, cependant, à mesure que croîtra le clergé
local, il faudra veiller à ce que les instituts, dans la mesure
compatible avec leur but, demeurent fidèles au diocèse lui-même, en y
assumant généreusement des œuvres spéciales ou une région déterminée.
33. Coordination
entre les instituts
Il faut que les instituts,
qui dans le même territoire s’appliquent à l’activité missionnaire,
trouvent les voies et les modes selon lesquels leurs œuvres seront
coordonnées. C’est pourquoi sont de très grande utilité les conférences
de religieux et les unions de religieuses, dans lesquelles tous les
instituts d’une même nation ou d’une même région ont leur part. Ces
conférences doivent rechercher ce qui peut être fait en mettant en
commun les efforts ; elles doivent entretenir d’étroites relations avec
les conférences épiscopales.
Tout cela, il convient de
l’étendre pour une raison semblable à la collaboration des instituts
missionnaires dans le pays dont ils sont originaires, en sorte que les
questions et les initiatives communes puissent être résolues plus
facilement et à moindre frais, comme la formation doctrinale des futurs
missionnaires, les cours pour les missionnaires, les rapports à envoyer
aux autorités publiques ou aux organes internationaux et supranationaux.
34. Coordination
entre les instituts scientifiques
L’exercice régulier et
ordonné de l’activité missionnaire exigeant que les ouvriers
évangéliques soient préparés scientifiquement à leur mission,
particulièrement au dialogue avec les religions et les cultures non
chrétiennes, – et que dans l’exécution elle-même ils soient aidés
efficacement, on désire que, en faveur des missions, collaborent
fraternellement et généreusement entre eux les divers instituts
scientifiques qui cultivent la missiologie et d’autres disciplines ou
techniques utiles aux missions, comme l’ethnologie et la linguistique,
l’histoire et la science des religions, la sociologie, les techniques
pastorales, et autres choses semblables.
CHAPITRE VI :
La coopération
35. Introduction
L’Église étant tout entière
missionnaire, et l’œuvre de l’évangélisation étant un devoir fondamental
du Peuple de Dieu, le saint Concile invite tous les chrétiens à une
profonde rénovation intérieure, afin qu’ayant une conscience vive de
leur propre responsabilité dans la diffusion de l’Évangile, ils assument
leur part dans l’œuvre missionnaire auprès des nations.
36. Devoir
missionnaire du Peuple de Dieu tout entier
Comme membres du Christ
vivant, auquel ils ont été incorporés et configurés par le baptême ainsi
que par la confirmation et l’Eucharistie, tous les fidèles sont tenus de
coopérer à l’expansion et au développement de son Corps, pour l’amener
le plus vite possible à sa plénitude (Ep 4, 13).
C’est pourquoi tous les
fils de l’Église doivent avoir une vive conscience de leur
responsabilité à l’égard du monde, nourrir en eux un esprit
véritablement catholique et dépenser leurs forces pour l’œuvre de
l’évangélisation. Cependant, que tous le sachent, leur premier et leur
plus important devoir pour la diffusion de la foi, c’est de vivre
profondément leur vie chrétienne. Car leur ferveur au service de Dieu,
leur charité à l’égard des autres apporteront un nouveau souffle
spirituel à l’Église tout entière, qui apparaîtra comme un signal levé
sur les nations (cf. Is 11, 12), « lumière du monde » (Mt
5, 14) et « sel de la terre » (Mt 5, 13). Ce témoignage de la vie
obtiendra plus facilement son effet s’il est rendu avec d’autres groupes
chrétiens, selon les normes du décret sur l’œcuménisme [84].
Cet esprit renouvelé
amènera à offrir spontanément à Dieu des prières et des œuvres de
pénitence pour qu’il féconde de sa grâce l’œuvre des missionnaires ; il
amènera l’éclosion de vocations missionnaires, et l’afflux des
ressources dont les missions ont besoin.
Pour que tous et chacun des
chrétiens connaissent exactement la situation présente de l’Église dans
le monde, et qu’ils entendent la voix des multitudes qui crient : «
Viens à notre aide » (cf. Ac 16, 9), on donnera, en employant les
moyens modernes de communication sociale, des nouvelles missionnaires
telles que, prenant conscience de ce que l’activité missionnaire est la
leur, ils ouvrent leur cœur aux besoins si immenses et si profonds des
hommes et puissent leur venir en aide.
Nécessaire aussi est la
coordination des informations et la coopération avec les organes
nationaux et internationaux.
37. Devoir
missionnaire des communautés chrétiennes
Puisque le Peuple de Dieu
vit dans des communautés, diocésaines et paroissiales surtout, et que
c’est dans ces communautés que d’une certaine manière il se montre
visible, c’est aussi aux communautés qu’il appartient de rendre
témoignage au Christ devant les nations.
La grâce de la rénovation
ne peut croître dans des communautés à moins que chacune d’entre elles
n’étende le rayon de sa charité jusqu’aux extrémités de la terre, et
qu’elle n’ait, pour ceux qui sont loin, une sollicitude semblable à
celle qu’elle a pour ceux qui sont ses propres membres.
C’est ainsi que la
communauté tout entière prie, coopère, exerce une activité parmi les
nations, par l’intermédiaire de ses fils que Dieu choisit pour une tâche
si magnifique.
Il serait très utile,
pourvu qu’on ne laisse pas de côté l’œuvre missionnaire universelle, de
garder contact avec les missionnaires issus de la communauté elle-même,
ou avec une paroisse ou un diocèse des missions, afin que devienne
visible la communion entre les communautés, et que cela tourne à
l’édification mutuelle.
38. Devoir
missionnaire des évêques
Tous les évêques, en tant
que membres du corps épiscopal qui succède au collège des Apôtres, ont
été consacrés non seulement pour un diocèse déterminé, mais pour le
salut du monde entier. Le commandement du Christ de prêcher l’Évangile à
toute créature (Mc 16, 15) les atteint en premier lieu et
directement, en union avec Pierre et sous l’autorité de Pierre. De là
naît cette communion et coopération entre Églises aujourd’hui si
nécessaire pour continuer l’œuvre de l’évangélisation. En vertu de cette
communion, chacune des Églises porte la sollicitude de toutes les autres
; les Églises se font connaître réciproquement leurs propres besoins ;
elles se communiquent mutuellement leurs biens, puisque l’extension du
Corps du Christ est la charge du collège épiscopal tout entier [85].
Dans son diocèse, avec
lequel il ne fait qu’un, l’évêque, quand il anime, fait avancer, dirige
l’œuvre missionnaire, rend présents et pour ainsi dire visibles l’esprit
et l’ardeur missionnaires du Peuple de Dieu, en sorte que le diocèse
tout entier devient missionnaire.
Il appartiendra à l’évêque
d’éveiller dans son peuple, surtout parmi les infirmes et les affligés,
des âmes qui offrent à Dieu, de tout leur cœur, pour l’évangélisation du
monde, prières et œuvres de pénitence ; d’encourager volontiers les
vocations de jeunes et de clercs pour les instituts missionnaires,
acceptant avec reconnaissance que Dieu en choisisse quelques-uns qui
entreront dans l’activité missionnaire de l’Église ; d’exhorter et
d’aider les congrégations diocésaines à assumer leur part propre dans
les missions ; de promouvoir auprès de ses fidèles les œuvres des
instituts missionnaires, mais particulièrement les Œuvres pontificales
missionnaires. Car c’est à ces œuvres qu’à bon droit doit être attribuée
la première place, puisqu’elles sont des moyens pour pénétrer les
catholiques, dès leur enfance, d’un esprit vraiment universel et
missionnaire, et pour provoquer une collecte efficace de fonds au profit
de toutes les missions, selon les besoins de chacune [86].
Puisque de jour en jour
augmente le besoin d’ouvriers pour la vigne du Seigneur, et que des
prêtres diocésains désirent avoir eux aussi un rôle toujours plus grand
dans l’évangélisation du monde, le saint Concile souhaite vivement que
les évêques, réfléchissant à la très grave pénurie de prêtres qui
empêche l’évangélisation de nombreuses régions, envoient à des diocèses
manquant de clergé quelques-uns de leurs meilleurs prêtres qui se
proposent pour l’œuvre missionnaire, et leur fassent donner la
préparation nécessaire ; ces prêtres y accompliront en esprit de
service, au moins pour une période, le ministère des missions [87].
Pour que l’activité
missionnaire des évêques puisse s’exercer plus efficacement au profit de
l’Église tout entière, il est utile que les conférences épiscopales
règlent les affaires qui ont trait à la coopération bien organisée de
leur propre région.
Dans leurs conférences, que
les évêques traitent des prêtres du clergé diocésain à consacrer à
l’évangélisation des nations ; de la somme déterminée, proportionnée à
ses propres revenus, que chaque diocèse est tenu de verser chaque année
pour l’œuvre des missions [88];
de la réglementation et de l’organisation des modes et des moyens qui
viennent directement en aide aux missions ; de l’aide à apporter aux
instituts missionnaires et aux séminaires de clergé diocésain pour les
missions, et, si besoin est, de leur fondation ; de l’encouragement à
donner à des liens plus étroits entre des instituts de ce genre et les
diocèses.
Il appartient de même aux
conférences épiscopales d’établir et de promouvoir les œuvres qui
permettent de recevoir fraternellement et d’entourer d’un soin pastoral
convenable, ceux qui pour cause de travail et d’étude quittent les
territoires de mission pour vivre à l’étranger. C’est par ces immigrants
que les peuples éloignés deviennent proches d’une certaine manière, et
qu’aux communautés qui sont chrétiennes de longue date, est offerte
l’occasion d’entreprendre le dialogue avec les nations qui n’ont pas
encore entendu l’Évangile, et de leur montrer, dans le service d’amour
et d’aide qui leur est propre, l’authentique visage du Christ [89].
39. Devoir
missionnaire des prêtres
Les prêtres représentent le
Christ et sont les collaborateurs de l’ordre épiscopal dans la triple
fonction sacrée qui, par sa nature même, a trait à la mission de
l’Église [90]. Ils doivent
donc comprendre à fond que leur vie a été consacrée aussi au service des
missions. Puisque par leur ministère propre – qui consiste
principalement dans l’Eucharistie, laquelle donne à l’Église sa
perfection – ils sont en communion avec le Christ Tête et amènent
d’autres êtres à cette communion, ils ne peuvent pas ne pas sentir
combien il manque encore à la plénitude du Corps, et par conséquent tout
ce qu’il faudrait faire pour qu’il s’accroisse de jour en jour. Ils
ordonneront donc leur sollicitude pastorale de manière qu’elle soit
utile à l’expansion de l’Évangile chez les non-chrétiens.
Dans leur charge pastorale,
les prêtres stimuleront et entretiendront parmi les fidèles le zèle pour
l’évangélisation du monde, en les instruisant par la catéchèse et la
prédication de la charge qu’a l’Église d’annoncer le Christ aux nations
; en enseignant aux familles chrétiennes la nécessité et l’honneur de
cultiver des vocations missionnaires parmi leurs propres fils et filles
; en encourageant chez les jeunes des écoles et des associations
catholiques la ferveur missionnaire, en sorte que de futurs prédicateurs
de l’Évangile sortent de ce milieu. Ils doivent apprendre aux fidèles à
prier pour les missions ; ne pas rougir de leur demander des aumônes
pour les missions, se faisant comme des mendiants pour le Christ et le
salut des âmes [91].
Les professeurs des
séminaires et des universités enseigneront aux jeunes la véritable
situation du monde et de l’Église, pour que la nécessité d’une
évangélisation plus poussée des non-chrétiens ressorte mieux à leurs
yeux et nourrisse leur zèle. Dans l’enseignement des disciplines
dogmatiques, bibliques, morales et historiques, ils devront mettre en
lumière les aspects missionnaires qui y sont contenus, afin que de cette
manière la conscience missionnaire se forme chez les futurs prêtres.
40. Devoir
missionnaire des instituts de perfection
Les instituts religieux, de
vie contemplative et active, ont eu jusqu’ici et ont une très grande
part dans l’évangélisation du monde. Leurs mérites, le saint Concile les
reconnaît de grand cœur, et rend grâces à Dieu pour tant de sacrifies
acceptés pour la gloire de Dieu et le service des âmes ; il les exhorte
à persévérer sans défaillance dans l’œuvre commencée, puisqu’ils savent
que la vertu de charité, qu’ils sont tenus de pratiquer de façon plus
parfaite du fait de leur vocation, les pousse et les oblige à un esprit
et à un travail vraiment catholiques [92].
Les instituts de vie
contemplative, par leurs prières, leurs œuvres de pénitence, leurs
épreuves, ont une très grande importance dans la conversion des âmes,
puisque c’est Dieu qui envoie à notre prière, des ouvriers dans sa
moisson (cf. Mt 9, 38), ouvre les cœurs des non-chrétiens pour
qu’ils écoutent l’Évangile (cf. Ac 16, 14) et rend féconde dans
leurs cœurs la parole du salut (cf. 1 Co 3, 7). Bien plus, ces
instituts sont invités à fonder des maisons dans les territoires des
missions, comme un certain nombre l’ont fait déjà, afin que, y menant
leur vie d’une manière adaptée aux traditions authentiquement
religieuses des peuples, ils rendent parmi les non-chrétiens un
magnifique témoignage de la majesté et de la charité de Dieu, et de
l’union dans le Christ.
Les instituts de vie
active, qu’ils poursuivent ou non une fin strictement missionnaire,
doivent se poser sincèrement devant Dieu la question de savoir s’ils
peuvent étendre leur activité en vue de l’expansion du règne de Dieu
parmi les nations ; s’ils peuvent laisser à d’autres certains
ministères, de façon à dépenser leurs forces pour les missions ; s’ils
peuvent entreprendre une activité dans les missions, en adaptant, si
c’est nécessaire, leurs constitutions, mais cependant selon l’esprit du
fondateur ; si leurs membres prennent part selon leurs forces à
l’activité missionnaire ; si leur façon habituelle de vivre est un
témoignage de l’Évangile, vraiment adapté au caractère et à la situation
du peuple.
Puisque, sous l’inspiration
du Saint-Esprit, s’accroissent de jour en jour dans l’Église les
instituts séculiers, leur aide, sous l’autorité de l’évêque, peut être
fructueuse dans les missions à des titres multiples, comme signe d’un
don plénier à l’évangélisation du monde.
41. Devoir
missionnaire des laïcs
Les laïcs coopèrent à
l’œuvre d’évangélisation de l’Église et participent à titre de témoins,
et en même temps d’instruments vivants à sa mission salvifique [93],
surtout si, appelés par Dieu, ils sont affectés par les évêques à cette
œuvre.
Dans les terres déjà
chrétiennes, les laïcs coopèrent à l’œuvre de l’évangélisation en
développant en eux-mêmes et chez les autres la connaissance et l’amour
des missions, en suscitant des vocations dans leur propre famille, dans
les associations catholiques et les écoles, en offrant des subsides de
toute sorte, afin que le don de la foi qu’ils ont reçu gratuitement
puisse être aussi transmis à d’autres.
Dans les territoires des
missions, les laïcs, soit étrangers soit autochtones, doivent enseigner
dans les écoles, avoir la gestion des affaires temporelles, collaborer à
l’activité paroissiale et diocésaine, établir et promouvoir les diverses
formes de l’apostolat des laïcs, pour que les fidèles des jeunes Églises
puissent assurer le plus vite possible leur propre part dans la vie de
l’Église [94].
Enfin les laïcs doivent
apporter volontiers leur coopération économico-sociale aux peuples en
voie de développement ; cette coopération est d’autant plus à louer
qu’elle vise à fonder des instituts qui atteignent les structures
fondamentales de la vie sociale, ou sont destinés à la formation de ceux
qui ont la responsabilité de la chose publique.
Sont dignes d’une louange
spéciale ceux qui, dans les universités ou les instituts scientifiques,
font avancer, par leurs recherches historiques ou
scientifico-religieuses, la connaissance des peuples et des religions,
aidant les prédicateurs de l’Évangile et préparant le dialogue avec les
non-chrétiens.
Avec les autres chrétiens,
avec les non-chrétiens, particulièrement avec les membres des
associations internationales, ils doivent collaborer fraternellement,
ayant toujours devant les yeux que « la construction de la cité
terrestre doit être fondée sur le Seigneur et orientée vers lui [95]
».
Pour s’acquitter de toutes
ces tâches, les laïcs ont besoin d’une indispensable préparation
technique et spirituelle, qui doit être donnée dans des instituts
spécialisés, pour que leur vie soit un témoignage pour le Christ parmi
les non-chrétiens selon ce mot de l’apôtre : « Ne donnez scandale ni aux
Juifs ni aux Grecs ni à l’Église de Dieu, tout comme moi je m’efforce de
plaire à tous en tout, ne cherchant pas mon propre intérêt, mais celui
du plus grand nombre, afin qu’ils soient sauvés » (1 Co 10,
32-33).
CONCLUSION
42. Les Pères du Concile,
en union avec le Pontife romain, sentant très profondément le devoir
d’étendre partout le règne de Dieu, saluent avec toute leur affection
tous les messagers de l’Évangile, ceux surtout qui pour le nom du Christ
souffrent la persécution, et ils s’associent à leurs souffrances [96].
Ils sont enflammés eux
aussi du même amour dont le Christ a brûlé pour les hommes. Conscients
que c’est Dieu qui fait que son règne advienne sur la terre, ils
répandent leurs prières avec tous les fidèles du Christ pour que, par
l’intercession de la Vierge Marie, Reine des Apôtres, les nations soient
amenées le plus tôt possible à la connaissance de la vérité (1 Tm
2, 4), et que la gloire de Dieu qui resplendit sur la face du Christ
commence à luire pour tous par le Saint-Esprit (2 Co 4, 6).
Tout l’ensemble et chacun
des points qui ont été édictés dans ce décret ont plu aux Pères du
Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du
Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons,
arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que ce qui
a été établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu.
Rome, à Saint-Pierre, le
7 décembre 1965
Moi, Paul, évêque de
l’Église catholique
(Suivent les signatures des Pères)
Signatures des Pères
Moi, PAUL, évêque de
l’Église catholique
† Ego FRANCISCUS titulo Ss. Ioannis et Pauli Presbyter Cardinalis
SPELLMAN, Archiepiscopus Neo-Eboracensis.
† Ego IACOBUS titulo Ss. Bonifacii et Alexii Presbyter Cardinalis DE
BARROS CÂMARA, Archiepiscopus S. Sebastiani Fluminis Ianuarii.
† Ego IOSEPHUS titulo S. Ioannis ante Portam Latinam Presbyter
Cardinalis FRINGS, Archiepiscopus Coloniensis.
† Ego ERNESTUS titulo S. Sabinae Presbyter Cardinalis RUFFINI,
Archiepiscopus Panormitanus.
† Ego ANTONIUS titulo S. Laurentii in Panisperna Presbyter Cardinalis
CAGGIANO, Archiepiscopus Bonaërensis.
Ego PETRUS titulo S. Praxedis Presbyter Cardinalis CIRIACI.
† Ego MAURITIUS titulo S. Mariae de Pace Presbyter Cardinalis FELTIN,
Archiepiscopus Parisiensis.
† Ego IOSEPHUS titulo S. Mariae de Victoria Presbyter Cardinalis
SIRI, Archiepiscopus Ianuensis.
† Ego STEPHANUS titulo S. Mariae Trans Tiberim Presbyter Cardinalis
WYSZYNSKI, Archiepiscopus Gnesnensis et Varsaviensis, Primas Poloniae.
† Ego BENIAMINUS titulo S. Vitalis Presbyter Cardinalis DE ARRIBA Y
CASTRO, Archiepiscopus Tarraconensis.
† Ego FERDINANDUS titulo S. Augustini Presbyter Cardinalis QUIROGA Y
PALACIOS, Archiepiscopus Compostellanus.
† Ego PAULUS AEMILIUS titulo S. Mariae Angelorum in Thermis Presbyter
Cardinalis LEGER, Archiepiscopus Marianopolitanus.
† Ego IOSEPHUS HUMBERTUS titulo Ss. Andreae et Gregorii ad Clivum
Scauri Presbyter Cardinalis QUINTERO, Archiepiscopus Caracensis.
† Ego ALOISIUS titulo S. Mariae Novae Presbyter Cardinalis CONCHA,
Archiepiscopus Bogotensis.
Ego IOSEPHUS titulo S. Priscae Presbyter Cardinalis DA COSTA NUNES.
Ego HILDEBRANDUS titulo S. Sebastiani ad Catacumbas Presbyter
Cardinalis ANTONIUTTI.
Ego EPHRAEM titulo S. Crucis in Hierusalem Presbyter Cardinalis
FORNI.
† Ego IOANNES titulo S. Mariae de Aracoeli Presbyter Cardinalis
LANDAZURI RICKETTS, Archiepiscopus Limanus, Primas Peruviae.
† Ego RADULFUS titulo S. Bernardi ad Thermas Presbyter Cardinalis
SILVA HENRIQUEZ, Archiepiscopus S. Iacobi in Chile.
† Ego LEO IOSEPHUS titulo S. Petri ad Vincula Presbyter Cardinalis
SUENENS, Archiepiscopus Mechliniensis-Bruxellensis.
† Ego IOSEPHUS titulo S. Athanasii Presbyter Cardinalis SLIPYI,
Archiepiscopus Maior Ucrainorum.
† Ego LAURENTIUS titulo S. Leonis I Presbyter Cardinalis JAEGER,
Archiepiscopus Paderbornensis.
† Ego IOSEPHUS titulo S. Crucis in via Flaminia Presbyter Cardinalis
BERAN, Archiepiscopus Pragensis.
† Ego MAURITIUS titulo D.nae N.ae de SS. Sacramento et Martyrum
Canadensium Presbyter Cardinalis ROY, Archiepiscopus Quebecensis, Primas
Canadiae.
† Ego IOSEPHUS titulo S. Teresiae Presbyter Cardinalis MARTIN,
Archiepiscopus Rothomagensis.
† Ego AUDOËNUS titulo S. Praxedis Presbyter Cardinalis MCCANN,
Archiepiscopus Civitatis Capitis.
† Ego LEO STEPHANUS titulo S. Balbinae Presbyter Cardinalis DUVAL,
Archiepiscopus Algeriensis.
† Ego ERMENEGILDUS titulo Reginae Apostolorum Presbyter Cardinalis
FLORIT, Archiepiscopus Florentinus.
† Ego FRANCISCUS titulo Ss. Petri et Pauli in via Ostiensi Presbyter
Cardinalis ŠEPER, Archiepiscopus Zagrabiensis.
Ego CAROLUS S. Mariae in Porticu Diaconus Cardinalis JOURNET.
† Ego ALBERTUS GORI, Patriarcha Hierosolymitanus Latinorum.
† Ego PAULUS II CHEIKHO, Patriarcha Babylonensis Chaldaeorum.
† Ego IGNATIUS PETRUS XVI BATANIAN, Patriarcha Ciliciae Armenorum.
† Ego IOSEPHUS VIEIRA ALVERNAZ, Patriarcha Indiarum Orientalium.
† Ego IOANNES CAROLUS MCQUAID, Archiepiscopus Dublinensis, Primas
Hiberniae.
† Ego ANDREAS ROHRACHER, Archiepiscopus Salisburgensis, Primas
Germaniae.
† Ego DEMETRIUS MOSCATO, Archiepiscopus Primas Salernitanus et
Administrator Perpetuus Acernensis.
† Ego HUGO CAMOZZO, Archiepiscopus Pisanus et Primas Sardiniae et
Corsicae.
† Ego ALEXANDER TOKI , Archiepiscopus Antibarensis et Primas Serbiae.
† Ego MICHAEL DARIUS MIRANDA, Archiepiscopus Mexicanus, Primas
Mexici.
† Ego FRANCISCUS MARIA DA SILVA, Archiepiscopus Bracharensis, Primas
Hispaniarum.
† Ego PAULUS GOUYON, Archiepiscopus Rhedonensis, Primas Britanniae.
† Ego ERNESTUS SENA DE OLIVEIRA, Archiepiscopus Conimbricensis.
Sequuntur ceterae subsignationes.
Ita est.
† Ego PERICLES FELICI
Archiepiscopus tit. Samosatensis
Ss. Concilii Secretarius Generalis
† Ego IOSEPHUS ROSSI
Episcopus tit. Palmyrenus
Ss. Concilii Notarius
† Ego FRANCISCUS HANNIBAL FERRETTI
Ss. Concilii Notarius
[1]
Conc. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium
: AAS 48 (1965), p. 53.
[2]
Saint Augustin, Enarr. in Ps. 44, 23 : PL 36, 508 ; CChr 38, 510.
[3]
Conc. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium : AAS 2 (1965), p. 5-6.
[4]
Saint Irénée, Adv. Haer., III, 18, 1 : « Le Verbe existant auprès
de Dieu, par qui tout a été fait, et qui était toujours présent dans le
genre humain » : PG 7, 932. – Idem, IV, 6, 7 : « Depuis le
début le Fils, présent dans sa création, révèle le Père à tous ceux à
qui le veut, quand le veut et comme le veut le Père » : PG 7,
990. – Idem, IV, 20, 6 et 7 : PG 7, 1037. – Idem,
Demonstration, n. 34 : PO XII, 773 ; Sources chr. 62,
Paris, 1958, p. 87. – Clément d’Alexandrie, Protreptique, 112, 1
: GCS Clemens, I, 79. – Idem Stromates, VI, 6, 44, 1 : GCS
Clemens, II, 453, VI ; 13, 106, 3-4 ; idem, 485. – Sur la
doctrine elle-même, cf. Pie XII, Message radiophonique du 31 décembre
1952. – Conc. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium : AAS 16 (1965), p. 20.
[5]
He 1, 2 ; Jn 1, 3.10 ; 1 Co 8, 6 ; Col 1,
16.
[6]
Saint Athanase, Lettre à Épictète, 7 : PG 26, 1060. –
Saint Cyrille de Jérusalem, Catech. 4, 9 (PG 33, 465). –
Marius Victorinus, Adv. Arium 3, 3 : PL 8, 1101. – Saint
Basile, Lettre 261, 2 : PG 32, 969. – Saint Grégoire de
Naziance, Lettre 101 : PG 37, 181. – Saint Grégoire de
Nysse, Antirrheticus, Adv. Apolin. 17 : PG 45, 1156. –
Saint Ambroise, Lettre 48, 5 : PL 16, 1153. – Saint
Augustin, Tract. in Io., tr. 23, 6 : PL 35, 1585 ; CChr
36, 236. – En outre, c’est cet argument qui lui sert à démontrer que le
Saint Esprit ne nous a pas rachetés puisqu’il ne s’est pas incarné :
De Agone Christ. 22, 24 : PL 40, 302. – Saint Cyrille
d’Alexandrie, Adv. Nestor. I, 1 : PG 76, 20. – Saint
Fulgence, Épître 17, 3, 5 : PL 65, 454. – Idem, Ad Trasimundum
III, 21 : PL 65, 284 : De tristitia et timore.
[7]
C’est l’Esprit Saint qui a parlé par les prophètes : Symb. de
Constantinople : Denz. 150, 86. – Saint Léon le Grand, Sermon
76 : PL 54, 405-406 : « Quand au jour de la Pentecôte l’Esprit Saint
remplit les disciples du Seigneur, ce ne fut pas le début d’un don mais
une largesse surajoutée à d’autres : les patriarches, les prophètes, les
prêtres, les saints qui vécurent aux temps anciens ont été nourris du
même Esprit sanctifiant... bien que la mesure des dons ait été
différente ». De même le Sermon 77, 1 : PL 54, 412. – Léon
XIII, Divinum illud : AAS (1897), p. 650-651. De même
Saint Jean Chrysostome, bien qu’il insiste sur la nouveauté de la
mission du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte : In Eph. c. 4,
hom. 10, 1 : PG 62, 75.
[8]
Les saints Pères parlent souvent de Babel et de la Pentecôte : Origène,
In Genesim, c. 1 (PG 12, 112) ; Saint Grégoire de
Naziance, Oratio 41, 16 : PG 26, 449 ; Saint Jean
Chrysostome, Hom. 2 pour la Pentecôte 2 : PG 50, 467 ; In
Acta Apost. : PG 60, 44 ; Saint Augustin, Enar. in Ps. 54,
11 : PL 36, 636 ; CChr 39, 664 s. ; Sermon 271 : PL
38, 1245 ; Saint Cyrille d’Alexandrie, Glaphyra in Genesim II :
PG 699, 79 ; Saint Grégoire le Grand, Hom. in Evang., lib.
II, Hom. 30, 4 : PL 76, 1222 ; Saint Bède, In Hexaemer.,
liv. III : PL 91, 125. Voir aussi la représentation dans l’atrium
de la basilique Saint-Marc à Venise. L’Église parle toutes les langues
et ainsi rassemble tous les hommes dans la catholicité de la foi : Saint
Augustin, Sermons 266, 267, 268, 269 : PL 65, 743-744,
Sermon 175, 3 : PL 38, 946 ; Saint Jean Chrysostome, In
Epist. 1 ad Cor., hom. 35 : PG 61, 296 ; Saint Cyrille
d’Alexandrie, Fragm. in Acta : PG 74, 758 ; Saint
Fulgence, Sermon 8, 2-3 : PL 65, 743-744. Sur la Pentecôte
comme consécration des Apôtres à la mission, cf. J. A. Cramer, Catena
in Acta SS. Apostolorum, Oxford, 1838, p. 24 s.
[9]
Lc 3, 22 ; 4, 1 ; Ac 10, 38.
[10]
Jn 14-17 ; Paul VI, Discours prononcé au Concile, le 14 septembre
1964 : AAS (1964), p. 807.
[11]
Conc. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium, n. 4 : AAS (1965), p. 7.
[12]
Saint Augustin, Sermon 267, 4 : PL 38, 1231 : « Ce que
fait l’âme dans tous les membres d’un même corps, le Saint-Esprit le
fait dans l’Église tout entière. » – Cf. Conc. Vat. II,
Lumen gentium, n. 7 avec la note 8 : AAS (1965), p. 11.
[13]
Ac 10, 44-47 ; 11, 15 ; 15, 8.
[14]
Ac 4, 8 ; 5, 32 ; 8, 26.29.39 ; 9, 31 ; 10 ; 11, 24.28 ; 13,
2.4.9 ; 16, 6-7 ; 20, 22-23 ; 21, 11, etc.
[15]
Tertullien, Apologeticum, 50, 13 : PL 1, 534 ; CChr 1,
171.
[16]
Déjà Saint Thomas parle de la charge apostolique de planter l’Église :
cf. Sent., liv. I, dist. 16, q. 1, a. 2, ad 2 et 4 ; a. 3 sol. ;
Somme théologique I, q. 43, a. 7 ad 6 ; I-II, q. 106, a. 4, ad 4.
– Cf. Benoît XV, Maximum illud, 30 novembre 1919 : AAS
(1919), p. 445 et 453. – Pie XI, Rerum Ecclesiae : AAS 18
(1926), p. 74). – Pie XII, 30 avril 1939, aux direct. des Œuvres Pontif.
Missionnaires ; id., 24 juin 1944, aux direct. des Œuvres Pontif.
Missionnaires : AAS 38 (1944), p. 210 ; de nouveau : AAS
42 (1950), p. 727, et 43 (1951), p. 508 ; id., 29 juin 1948 au
clergé indigène : AAS 40 (1948), p. 374 ; id.,
Evangelii Praecones : AAS 43 (1951), p. 507 ; id.,
Fidei donum, 15 janvier 1957 : AAS 49 (1957), p. 236. – Jean
XXIII, Princeps pastorum, 28 novembre 1959 : AAS 56
(1959), p. 835. – Paul VI, homélie du 18 octobre 1964 : AAS 56
(1964), p. 911. Les papes aussi bien que les Pères et les scolastiques
parlent souvent de l’expansion de l’Église : Saint Thomas, Comment.
sur Matt. 16, 28 ; Léon XIII, Sancta Dei Civitas : ASS
(1880), p. 241 ; Benoît XV, Encycl. Maximum illud : AAS 11
(1919), p. 442 ; Pie XI, Rerum Ecclesiae : AAS 18 (1926),
p. 65.
[17]
Dans cette notion de l’activité missionnaire sont incluses en toute
réalité, comme il est évident, même ces parties de l’Amérique latine
dans lesquelles n’existe pas de hiérarchie propre, et où ne se trouvent
ni une maturité de vie chrétienne ni une prédication suffisante de
l’Évangile. La question de savoir si ces territoires sont reconnus de
fait par le Saint-Siège comme des territoires missionnaires n’est pas du
ressort du Concile. C’est pourquoi relativement au lien entre la notion
de l’activité missionnaire et certains territoires déterminés, on dit à
juste titre que cette activité s’exerce « d’ordinaire » dans des
territoires déterminés reconnus par le Saint-Siège.
[18]
Conc. Vat. II,
Unitatis Redintegratio : AAS 1 (1965), p. 90.
[19]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 14 (1965), p. 18.
[20]
Jn 7, 18 ; 8, 30.44 ; 8, 50 ; 17, 1.
[21]
Sur cette idée synthétique voir la doctrine de saint Irénée sur la
récapitulation. Cf. aussi Hippolyte, De Antichristo, 3 : « Aimant
tous les hommes et désirant les sauver tous, voulant les rendre tous
fils de Dieu et appelant tous les saints à former un seul homme
parfait... » : PG 10, 732 ; GCS Hippolyte I, 2, p. 6 ;
Benedictiones Jacob, 7 : TU 38-1, p. 18, lin. 4 s. ; Origène, In
Io., I, 16 : « Il n’y aura alors qu’un seul acte de connaître Dieu
chez ceux qui seront arrivés à Dieu, sous la conduite de ce Verbe qui
est chez Dieu ; en sorte que tous soient formés avec soin pour connaître
le Père comme des enfants, comme le Fils est maintenant seul à connaître
le Père » : PG 14, 49 ; GCS Orig. IV, 20 ; Saint Augustin, De
Sermone Domini in monte, I, 41 : « Aimons ce qui peut être mené
jusqu’à ces Royaumes où personne ne dit : mon Père, mais où tous disent
à un seul Dieu : notre Père » : PL 34, 1250 ; Saint Cyrille
d’Alexandrie, In Io, I : « Car nous sommes tous dans le Christ et
la nature commune de notre humanité reprend vie [65]a
href="#_ftn65" name="_ftnref65" title>65] lui. C’est pour cela qu’il a
été appelé le nouvel Adam... Il a habité parmi nous, celui qui par
nature est Fils et Dieu ; aussi nous écrions-nous dans son Esprit :
Abba, Père! Le Verbe habite en tous en un seul temple, c’est-à-dire dans
ce temple qu’il a pris pour nous et qu’il a emprunté, afin qu’ayant en
lui tous les hommes, il réconciliât au Père tous les hommes dans un seul
corps, comme le dit Paul » : PG 73, 161-164.
[22]
Benoît XV, Encycl. Maximum illud : AAS (1919), p. 445 : «
Car de même que l’Église de Dieu est catholique et qu’elle n’est
étrangère en aucune race ni aucune nation... » ; cf. Jean XXIII, Encycl.
Mater et Magistra : « De droit divin l’Église s’étend à toutes
les nations... lorsqu’elle a injecté dans ce qu’on peut appeler les
veines d’un peuple sa puissance, elle n’est pas, elle ne se considère
pas une institution quelconque, imposée de l’extérieur à ce peuple...
Aussi, tout ce qui lui paraît bon et honnête, ils (c’est-àdire ceux qui
sont renés dans le Christ) le confirment et le mènent à la perfection »
: AAS 53 (1961), p. 444.
[23]
Saint Irénée, Adv. Haer., III, 15, 3 : PG 7, p. 919 : «
Ils furent les prédicateurs de la vérité et les apôtres de la liberté. »
[24]
Bréviaire romain, antienne O aux vêpres du 23 décembre.
[25]
Cf. Mt 24, 31. – Didachè, 10, 5 : Funk I, 32.
[26]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium, 17 : AAS (1965), p. 20-21. – Saint
Augustin, La Cité de Dieu, 19, 17 : PL 41, 646. – Instr.
de la Sainte Congr. de la Propagation de la foi (Collectanea I, n. 135,
p. 42).
[27]
Selon Origène, l’Évangile doit être prêché avant la consommation de ce
monde : Hom. sur saint Luc, XXI (GCS Orig. IX, 136, 21 s. –
Comm. sur saint Matth., 39 (ibid., XI, 75, 25 s. ; 76, 4 s. –
Hom. sur Jérémie, III, 2 (ibid., VIII, 308, 29 s.). – Saint Thomas,
Somme théologique, I-II, q. 106, a. 4 ad 4.
[28]
Saint Hilaire de Poitiers, Sur le psaume 14 : PL 9, 301 ;
Eusèbe de Césarée, Sur Isaïe, 54, 2-3 : PG 24, 462-463 ;
Saint Cyrille d’Alexandrie, Sur Isaïe, V, chap. 54, 1-3 : PG 70,
1193.
[29]
Paul VI, allocution au Concile le 21 novembre 1964 : AAS 56
(1964), p. 1013.
[30]
Conc. Vat. II,
Dignitatis Humanae
: AAS 2, 4, 10 (1966), p. 930-933, 936
; Id.,
Gaudium et Spes : AAS 21 (1966), p. 1040-1042.
[31]
Conc. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium : AAS 17 (1965), p. 20-21.
[32]
Conc. Vat. II, Const.
Sacrosanctum concilium : AAS 64-65 (1964), p. 117.
[33]
Sur la libération de l’esclavage du démon et des ténèbres dans
l’Évangile : cf. Mt 12, 28 ; Jn 8, 44 ; 12, 31 (cf. 1
Jn 3, 8 ; Ep 2, 1-2). – Dans la liturgie du baptême : cf. le Rituel
romain.
[34]
Conc. Vat. II, Const. dogm.
Lumen gentium : AAS 14 (1965), p. 19.
[35]
Saint Augustin, Tract. in Io., 11, 4 : PL 35, 1476.
[36]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 9 (1965), p. 13.
[37]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 10, 11, 34 (1965), p. 14-16, 39-40.
[38]
Conc. Vat. II,
Dei Verbum : AAS 21 (1965), p. 24.
[39]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 12, 35 (1965), p. 16, 40-41.
[40]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 23, 26 (1965), p. 28, 41-42.
[41]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 11, 35, 41 (1965), p. 15-16, 40-41,
47.
[42]
Conc. Vat. II, décret
Orientalium Ecclesiarum : AAS 30 (1965), p. 77-78.
[43]
Épître à Diognète, 5 : PG 2, 1173. – Cf. Conc.Vat. II,
Const. dogm.
Lumen gentium : AAS 38 (1965), p. 43.
[44]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 32 (1965), p. 38. – Id.,
Apostolicam actuositatem : AAS 5-7 (1966), p. 842-844.
[45]
Conc. Vat. II,
Optatam totius : AAS 4, 8, 9 (1966), p. 716, 718-719.
[46]
Conc. Vat. II,
Sacrosanctum concilium : AAS 17 (1964), p. 105.
[47]
Conc. Vat. II,
Optatam totius : AAS 1 (1966), p. 713-714.
[48]
Jean XXIII, Encycl. Princeps pastorum : AAS 51 (1959), p.
843-844.
[49]
Conc. Vat. II,
Unitatis redintegratio : AAS 4 (1965), p. 94-96.
[50]
Jean XXIII, Princeps pastorum : AAS 51 (1959), p. 842.
[51]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 29 (1965), p. 36.
[52]
Jean XXIII, Encycl. Princeps pastorum : AAS 51 (1959), p.
855.
[53]
Il s’agit de ce qu’on appelle « catéchistes à plein temps ».
[54]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 31, 44 (1965), p. 37, 50-51.
[55]
Jean XXIII, Encycl. Princeps Pastorum : AAS 51 (1959), p.
838.
[56]
Conc. Vat. II, décret
De Presbyterorum Ordinis : AAS 11 (1966), p. 1008 ;
Optatam totius
: AAS 2 (1966), p. 714-715.
[57]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 25 (1965), p. 29.
[58]
Conc. Vat. II,
De Presbyterorum Ordinis, 10, où, en vue de faciliter la
pastorale pour divers groupes sociaux, on prévoit l’établissement de
prélatures personnelles dans la mesure où l’organisation parfaite de
l’apostolat l’exigera : AAS (1966), p. 1007.
[59]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 13 (1965), p. 17-18.
[60]
Paul VI, Alloc. à la canonisation des Martyrs de l’Ouganda : AAS 56
(1964), p. 908.
[61]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 13 (1965), p. 18.
[62]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 17 (1965) p. 21.
[63]
Sous le nom d’instituts sont compris les ordres, les congrégations, les
instituts, les associations qui travaillent dans les missions.
[64]
Cf. Pie XI, Encycl. Rerum Ecclesiae : AAS 18 (1926), p.
69-71. – Pie XII, Encycl. Saeculo exeunte : AAS 32 (1940),
p. 256. – Id., Encycl. Evangelii praecones : AAS 43
(1951), p. 506.
[65]
Benoît XV, Encycl. Maximum illud : AAS 11 (1919), p.
449-450.
[66]
Benoît XV, Encycl. Maximum illud : AAS (1919), p. 448-449.
– Pie XII, Encycl. Evangelii Praecones : AAS 43 (1951), p.
507. – Dans la formation des prêtres missionnaires, il faut tenir compte
aussi de ce qui est décidé au Conc. Vat. II, dans le décret
Optatam totius, supra p. 492 s.
[67]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 41 (1965), p. 46.
[68]
Benoît XV, Encycl. Maximum illud : AAS 11 (1919), p. 440.
– Pie XII, Encycl. Evangelii Praecones : AAS 43 (1951), p. 507.
[69]
Benoît XV, Encycl. Maximum illud : AAS 11 (1919), p. 448 ;
Décret de la S. C. de la Propagation de la foi, 20 mai 1923 : AAS 15
(1923), p. 369-370). – Pie XII, Encycl. Saeculo exeunte : AAS
32 (1940), p. 256. – Id., Evangelii Praecones : AAS 43
(1951), p. 507. – Jean XXIII, Encycl. Princeps Pastorum : AAS
51 (1959), p. 843-844.
[70]
Conc. Vat. II,
Optatam totius : AAS 19-21 (1966), p. 725-726. – Pie XII,
Const. apost. Sedes Sapientiae avec les Statuts généraux : AAS
(1956), p. 354-365.
[71]
Pie XII, Encycl. Evangelii Praecones : AAS 43 (1951), p.
523-524.
[72]
Benoît XV, Encycl. Maximum illud : AAS 11 (1919), p. 448.
– Pie XII, Encycl. Evangelii Praecones : AAS 43 (1951), p.
507.
[73]
Pie XII, Encycl. Fidei donum : AAS 49 (1957), p. 234.
[74]
Conc. Vat. II,
Presbyterorum Ordinis, 10, où il est question des diocèses et
des prélatures personnels et autres de ce genre : AAS (1966), p.
1007.
[75]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 18 (1965), p. 22.
[76]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 23 (1965), p. 28.
[77]
Paul VI, motu proprio
Apostolica Sollicitudo, 15 septembre 1965 : AAS (1965),
p. 776.
[78]
Paul VI, Alloc. au Concile le 21 novembre 1964 : AAS 56 (1964),
p. 1011.
[79]
Benoît XV, Encycl. Maximum illud : AAS 11 (1919), p.
39-40.
[80]
Si, pour des raisons diverses, des missions sont encore pour un temps
soumises à d’autres dicastères, il est utile que ces dicastères aient
des rapports avec la S. C. de la Propagation de la foi, pour que dans
l’organisation et la direction de toutes les missions, une méthode et
une norme absolument constantes et uniformes puissent exister.
[81]
Conc. Vat. II,
Christus Dominus
: AAS 35, 4 (1966), p. 691.
[82]
Conc. Vat. II,
Christus Dominus : AAS 36-38 (1966), p. 692-693.
[83]
Conc. Vat. II,
Christus Dominus : AAS 35, 5-6 (1966), p. 692.
[84]
Conc. Vat. II,
Unitatis redintegratio
: AAS 12 (1965), p. 99.
[85]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 23-24 (1965), p. 27-29.
[86]
Benoît XV, Encycl. Maximum illud : AAS 11 (1919), p.
453-454. – Pie XI, Encycl. Rerum Ecclesia : AAS 18 (1926),
p. 71-73. – Pie XII, Encycl. Evangelii Praecones : AAS 49
(1951), p. 525-526.– Id., Encycl. Fidei donum : AAS 49 (1957), p.
241.
[87]
Pie XII, Encycl. Fidei donum : AAS 49 (1957), p. 245-246.
[88]
Conc. Vat. II,
Christus Dominus : AAS 6 (1966), p. 675-676.
[89]
Pie XII, Encycl. Fidei donum : AAS 49 (1957), p. 245.
[90]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS (1965), p. 34.
[91]
Pie XI, Encycl. Rerum Ecclesiae : AAS 18 (1926), p. 72.
[92]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 44 (1965), p. 50.
[93]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 33, 35 (1965), p. 39, 40-41.
[94]
Pie XII, Encycl. Evangelii Praecones : AAS 43 (1951), p.
510-514. – Jean XXIII, Encycl. Princeps pastorum : AAS 51
(1959), p. 851-852.
[95]
Conc. Vat. II,
Lumen gentium : AAS 46 (1965), p. 52.
[96]
Pie XII, Encycl. Evangelii praecones : AAS 43 (1951), p.
527. – Jean XXIII, Encycl. Princeps Pastorum : AAS 51
(1959), p. 864.
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